L’Europe en manque de poudre à canon, une opportunité pour la Belgique

La guerre en Ukraine ravive le besoin en poudre. (AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les chaînes d’approvisionnement pour produire cette denrée précieuse pour le réarmement sont étranglées. La dépendance à la Chine est notamment en cause. Mais des possibilités existent dans plusieurs pays disposant d’une base chimique solide, dont la Belgique .

L’Europe se réarme, en raison de la menace russe. Le plan de 800 milliards annoncé par la Commission européenne a frappé les esprits. Encore faut-il que cela suive, industriellement. Les géants du secteur se préparent, mais mettent en garde contre les risques pesant sur les chaînes d’approvisionnement, d’autant que la demande globale va exploser.

C’est le cas de la poudre à canon, que l’Europe peine à produire en suffisance. Les usines tournent déjà à plein régime, rapporte l’agence Bloomberg, mais cela ne suffit pas. D’ores et déjà, elles ne produisent pas assez de propulseurs ni d’explosifs pour couvrir les besoins internes croissants, d’autant qu’une partie des stocks européens a été allouée au soutien global à l’armée ukrainienne.

La Chine en cause

Une des raisons de cette difficulté se situe… à Pékin. Les linters de coton, nécessaires pour la fabrication de la nitrocellulose, ou “coton-poudre”, proviennent essentiellement de Chine, qui soutient la Russie, au minimum en l’approvisionnant de matériaux nécessaires à son industrie militaire.

Les goulots d’étranglement sont nombreux en Europe et concernent notamment la production de TNT. Des alternatives existent dans les pays scandinaves, comme les explosifs PETN, HMX ou RDX, produits notamment en Norvège. Mais les carnets de commande sont remplis.

Cette nécessité de produire davantage et ces difficultés à le faire pourraient représenter une opportunité industrielle pour la Belgique.

Et si la Belgique en profitait?

L’Europe est consciente de cette carence. La Commission européenne a lancé mi-mars le plan ASAP (Acte de soutien à la production de munitions), injectant 500 millions d’euros pour stimuler la production de munitions, rappelle Bloomberg. Objectif? Atteindre 2 millions d’obus produits par an d’ici 2025, contre 1,4 million en 2024.

En l’état de l’approvisionnement, ce pourrait ne pas être suffisant. Mais l’Europe a le savoir-faire pour pallier ce manque. L’Allemagne, la Pologne, les Pays-Bas ou la Belgique disposent d’une base chimique solide, susceptible de contribuer à l’effort.

Le débat au sujet de la reconversion de pans de l’industrie civile au nom de l’effort de guerre collectif pourrait être envisagé. Les débats ne font que débuter, comme en témoigne celui concernant la reconversion du site d’Audi Brussels.

L’autre question clé étant: a-t-on seulement le temps?

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