Lire la chronique d' Amid Faljaoui
L’Europe des puces, héritière du drame des vaccins
L’Europe que l’on croit moribonde, que l’on pense toujours en retard d’une guerre, est aussi capable de montrer son meilleur visage.
Nous avons eu honte de notre Europe avec ce pénible épisode des masques et puis des vaccins. Mais aujourd’hui, qui sait que l’Europe est devenue le premier exportateur mondial de vaccins ARM ? Peu de gens. De même, l’Européen qui doutait de l’utilité d’une armée européenne et de l’OTAN redécouvre son utilité dans le cadre de la crise entre la Russie et l’Ukraine.
Sans parler de nos auditeurs qui ont voulu acheter une voiture neuve en 2021 ou 2022 et qui ont reçu des délais décourageants de la part de leurs concessionnaires. A cause d’une pénurie de semi-conducteurs, toutes les grandes marques automobiles ont dû faire patienter leurs clients et parfois perdre au passage des ventes. Sans semi-conducteurs, pas de voitures. Et ces semi-conducteurs sont presque tous entre les mains de deux ou trois fabricants en Asie.
Mais tout ça va changer. Thierry Breton, le commissaire européen en charge de ces sujets vient d’annoncer une excellente nouvelle… qui est passée inaperçue. La Commission européenne va faire passer le “Chips Act” courant de ce mois de février ! En clair, l’Europe va investir plusieurs dizaines de milliards d’euros pour quadrupler, d’ici 2030, la production de semi-conducteurs en Europe. C’est une excellente nouvelle. Et l’Europe ne se fera plus avoir comme cela a été le cas avec les vaccins. Autrement dit, n’importe quel fabricant de semi-conducteurs sera le bienvenu en Europe, peu importe sa nationalité, mais en cas de crise, la production de semi-conducteur pourra, en quelque sorte, être réquisitionnée. Pas question de regarder la production de semi-conducteurs partir à l’étranger comme ça a été le cas avec le vaccin produit en Europe.
Mieux, le commissaire européen a compris qu’il fallait positionner l’Europe non pas sur les semi-conducteurs d’aujourd’hui – là, la bataille est déjà perdue, car l’Asie a pris trop d’avance -mais sur les puces de demain. La génération suivante de semi-conducteur, celles de moins de 5 nanomètres, voire de moins de 2 nanomètres. En clair, c’est un peu comme si on passait du téléphone fixe au téléphone portable d’un seul coup. Là encore, cette décision montre que l’Europe a cessé d’être naïve. Les semi-conducteurs, ça semble technique, mais ils sont partout. Elles ont beau tenir entre les deux doigts, ces puces vous les retrouvez dans les serveurs, la 5G, les véhicules électriques, dans la PlayStation 5 ou un bête ordinateur de bureau. Sans ce mini-cerveau, impossible pour nos économies de fonctionner. Or, la production de ces semi-conducteurs est à 80% en Asie. Il y a 20 ans, tout le monde surveillait le prix du baril de pétrole, maintenant on scrute les semi-conducteurs qui sont le carburant de l’économie digitale de demain. L’Europe a enfin compris qu’il fallait agir et pas gémir !
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