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Les pièges de la “loi climat”
Contrairement à plusieurs partis flamands, tous les partis francophones représentés au Parlement (sauf le petit PP) ont approuvé la proposition de “loi climat” déposée par Ecolo et rédigée par quelques académiques visiblement proches du mouvement écologiste. Ces partis paraissent avoir été tellement empressés de signer pour “être plus verts que les verts” qu’ils semblent avoir négligé des pièges importants que comporte cette proposition.
Celle-ci ne dit certes pas quelles mesures devront être prises pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Mais il chiffre à ” au moins 95 % ” (article 5) la réduction des émissions d’ici 2050 ” par rapport au niveau de 1990 ” et il confie à un ” comité permanent indépendant ” d’experts pour le climat, la mission de donner des ” recommandations ” en vue de l’élaboration d’un ” plan climat ” et aussi celle de ” proposer la répartition de la charge liée à la mise en oeuvre des objectifs ” de la loi et du plan.
Certes, ce comité, dont on peut s’assurer qu’il sera composé de scientifiques militants, n’aura pas de pouvoir législatif, mais il sera très difficile de s’écarter de manière significative de ses recommandations, et d’un plan qui devrait guider la politique pour 10 ans au moins. Or, ce plan devra, aux termes mêmes de la proposition de loi, aborder, non seulement des sujets strictement scientifiques, mais quasiment toute la politique de l’Etat, en ce compris la fiscalité, l’éducation, les infrastructures, les investissements, le logement public mais aussi privé… comme les ” plans quinquennaux ” de la défunte URSS.
Et il faut parfois savoir se méfier des ” experts “. Ainsi, récemment, l’on a pu voir Novethic, filiale de la Caisse des dépôts française, et donc financée par le contribuable français, annoncer sur son site, sur la base d’un avis de consultants ” indépendants “, que pour réduire les émissions de seulement 63 % d’ici 2030, il faudrait interdire la vente de véhicules neufs aux particuliers dès maintenant, interdire toutes les voitures thermiques en centre urbain dès 2024, obliger tout le monde à deux jours de télétravail par semaine, interdire le chauffage au mazout en 2026, interdire toute construction neuve de plus de 30 m2 par habitant, instaurer un ” couvre-feu thermique ” entre 22 h et 6 h pour atteindre une température moyenne de 17 ° dans les logements, réduire de deux tiers la consommation de viande, réduire de deux tiers les flux vidéo, interdire toute acquisition de vêtements de plus d’un kilo par an, interdire tous les vols aériens intercontinentaux et tous les vols européens dès qu’il existe une alternative.
Soyons clairs, le système ainsi proposé est de type soviétique, et ce sans exagération. Il implique une collectivisation complète de l’économie et de la vie des gens, et il n’est possible de le mettre en oeuvre que dans le cadre d’un régime autoritaire.
Soyons clairs, le système ainsi proposé est de type soviétique, et ce sans exagération. Il implique une collectivisation complète de l’économie et de la vie des gens, et il n’est possible de le mettre en oeuvre que dans le cadre d’un régime autoritaire, comparable à celui des pays de l’Est européens jusqu’en 1989, de Cuba et de la Corée du Nord aujourd’hui. Et cela mène à la misère de tous, comme l’ont démontré tous les régimes socialistes de l’Histoire. Rien ne garantit que les experts ” indépendants ” qui formuleront des recommandations pour un plan décennal émettront d’autres avis que ceux retenus par l’apparemment sérieuse Novethic.
Dans la même ligne collectiviste, la proposition de loi énumère parmi les principes à respecter dans la politique climatique la ” réduction des inégalités “. Cette question n’a pourtant pas le moindre rapport avec la politique climatique. Et il est pour le moins dangereux d’accepter un objectif aussi vague dans une loi à majorité spéciale, alors que les dépenses sociales de la Belgique atteignent déjà 30 % de son PIB. L’objectif est-il, suivant le ” principe de progression ” également promu par la proposition de loi, d’avancer sans cesse vers des inégalités (de revenus ou de fortune ? ) de plus en plus faibles, ce qui n’est possible qu’en faisant encore dépendre davantage les revenus de chacun de la politique de l’Etat ? Or, cela signifie nécessairement une réduction des libertés de chacun alors que déjà aujourd’hui, nous vivons dans un régime ultra réglementé où pratiquement tout est interdit, dirigé, régulé ou taxé.
Il est dommage que des partis qui affirment être attachés à l’initiative privée aient ainsi accepté, sans réflexion, de se lier, du moins quant aux principes, pour une politique égalitariste qui devrait être totalement indépendante du prétexte climatique.
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