Christophe De Caevel
Les jeunes face aux emplois de demain
Les premiers pas sur le marché du travail seront encore plus compliqués pour les diplômés des années Covid-19.
Si les aînés ont été les plus directement touchés par la crise sanitaire, les jeunes sont sans doute les premières victimes de la crise économique liée au Covid-19. Sur le court terme d’abord. Durant les 12 derniers mois, le chômage a progressé plus fort chez les moins de 25 ans que dans le reste de la population. L’explication est limpide: la généralisation du télétravail a incité les employeurs à privilégier, encore plus que d’ordinaire, l’expérience de leurs collaborateurs. Par ailleurs, privés de leur job dans l’horeca, de nombreux étudiants ont dû se tourner vers les CPAS pour subvenir à leurs besoins immédiats.
Les premiers pas sur le marché du travail seront encore plus compliqués pour les diplômés des années Covid-19.
Il ne s’agit malheureusement pas là d’une simple parenthèse, qui se refermera à mesure que l’économie reprend. Les premiers pas sur le marché du travail sont souvent hésitants, compliqués. Ils le seront encore plus pour les diplômés de ces années Covid-19. D’une part, ils n’ont souvent pas eu de vraies possibilités de stage que ce soit dans le cadre de leur formation ou de leur mise à l’emploi. Ainsi, à Bruxelles, le nombre de stages First (qui apportent une première expérience de travail) a diminué de 30% durant la crise. D’autre part, que ce soit justifié ou non, les jeunes diplômés risquent de souffrir d’un certain scepticisme à l’égard de leur apprentissage: vu les années scolaires très particulières, disposent-ils vraiment des mêmes acquis de celles et ceux qui les ont précédés ou qui les suivront? Le rôle sociétal des employeurs est d’éviter que ces générations restent sur le carreau, quitte à ce que cela nécessite un peu plus d’accompagnement ou d’encadrement que d’ordinaire. Mais cela peut aussi se révéler de rafraîchissantes sources d’innovation pour les entreprises.
Les pouvoirs publics peuvent évidemment soutenir ces besoins d’encadrement. Mais ils peuvent surtout agir pour assurer les formations les plus adéquates pour ces jeunes. Dans ce contexte, on se réjouira de voir que, contrairement aux Plans Marshall successifs, les plans de relance des différents niveaux de pouvoir intègrent bien des volets relatifs à la formation. C’est même carrément le premier axe du plan wallon, avec un focus spécifique sur l’apprentissage en alternance. Espérons que ces excellentes intentions se concrétiseront, car ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement assure “miser sur l’alternance”. Au niveau fédéral, d’importants moyens sont également prévus pour la formation aux métiers du futur via A6K-E6K et l’European Biotech School, tous deux localisés à Charleroi.
Vous ne devez toutefois pas attendre la concrétisation de ces projets pour vous tourner vers les métiers du futur. Dans ce numéro, Trends- Tendances vous détaille 50 cursus susceptibles de vous aiguiller utilement vers les compétences que les entreprises rechercheront dans les années à venir. Cela parle du numérique évidemment mais cela ne signifie pas, loin de là, que nous devons tous devenir informaticiens. Au contraire, l’évolution technologique dessine de nouvelles perspectives pour les métiers les plus traditionnels, rendant de plus en plus obsolète la distinction entre les fonctions manuelles et intellectuelles. Que l’on évolue dans la construction, dans la mécanique automobile ou dans l’agriculture, tous les métiers intègrent d’importantes dimensions numériques. Désormais, à Gembloux, vous pouvez suivre un cursus en smart rurality. Si ça ce n’est pas le signe d’un monde qui bouge et auquel nous devons nous habituer. Et nous former.
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