Une cérémonie est organisée à Florennes pour accueillir les quatre premiers appareils, en présence du Roi. Ce sont des joyaux indispensables pour moderniser notre armée. Restent les débats sur le coût, la dépendance aux Etats-Unis ou l’adéquation face à la montée en puissance des drones.
Les quatre premiers F35 arrivent ce lundi en Belgique, accueillis comme des princes de l’air. Le roi Philippe sera présent à Florennes pour indiquer combien cette étape est stratégique pour la modernisation de notre armée en cette ère géopolitique troublée.
La Belgique a commandé 34 F-35 en 2018 et approuvé une commande supplémentaire de 11 avions en 2025. Au total, la force aérienne disposera donc à terme de 45 F-35. Le choix du F-35 a fait couler beaucoup d’encre car il s’agit d’un achat américain au dépend d’alternatives européennes, dont le coût est important: plus de 110 millions l’avion.
“Le meilleur sur le marché”
Ce sont “les avions de combat les plus modernes et les plus performants“, se félicite le ministre de la Défense, Theo Francken.
“Le F-35 est le meilleur appareil de combat au monde, confirme le général aviateur Frederik Vansina, patron de l’armée belge. Les retours d’Ukraine montrent que seul un avion furtif pourra survivre dans une guerre moderne. Et le seul disponible à l’Ouest, c’est le F-35.”
“Nos F-16, qui ont été acquis dans les années 70 et modernisés plusieurs fois, approchent de la fin de vie opérationnelle, précise l’expert militaire Alian De Neve. Le F-35 a la capacité accrue à opérer dans des environnements très contestés, saturés de défenses sol-air modernes. En principe, grâce à sa furtivité, la fusion des capteurs et sa connectivité, il peut détecter, identifier et traiter des menaces avant même d’être détecté lui-même.”
Sa présence dans notre ciel est surtout un complément de la défense collective de l’Otan.
Greg Day, directeur international de Lockheed Martin, explique que le programme F35 dispose à ce jour de 20 clients dans le monde dont d’importantes armées européennes, Israël, le Japon ou l’Australie. “Tous ces pays se rendent compte combien cet avion est indispensable pour leur sécurité au XXIe siècle”, dit-il. Environ 190 avions seront livrés cette année, “une contribution importante pour la sécurité dans le monde”.
L’envolée des drones
Beaucoup de critiques ont été émises sur ce choix américain, au profit d’alternatives européennes. Theo Francken a déjà répondu que le prix avait été déterminant, ainsi que les qualités intrinsèques du F35
Le retour au pouvoir de Donald Trump et ses distances prises, par moments, avec l’Otan ont redonné corps à ce reproche. Un pays comme le Portugal, qui n’avait pas encore signé de contrat contrairement à la Belgique, a retourné sa veste.
Mais la question, désormais, se pose en d’autres termes au vu du développement de la guerre en Ukraine et de l’essor des drones, y compris au-dessus de pays européens.
“On a commandé onze F-35 cet été, on aurait pu en commander dix pour investir dans la lutte antidrone“, soulignait voici une semaine le député des Engagés Stéphane Lasseaux
“Il y a lieu de se demander si un tel contingent d’avions de chasse n’est pas ringardisé par la guerre des drones”, acquiesce au Soir le député fédéral François De Smet (Défi), rejoint par son collègue socialiste Christophe Lacroix. Même au sein de la majorité, Mathieu Michel (MR) dit ne pas être “convaincu quant à l’achat de ces nouveaux aéronefs dans l’immédiat tant l’urgence est ailleurs”.
Cela étant, ce lundi, le Roi ne boudera pas son plaisir. La Belgique rentre dans une nouvelle ère de sa défense aérienne.
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