“Les aides décidées par les gouvernements face à la crise ne sont pas suffisantes”
“Le gouvernement fédéral et le Premier ministre doivent continuer à bosser, dit le patron de l’UCM. Peut-être devrait-on avoir un Comité de concertation élargi, avec la mise en place d’un baromètre de l’énergie comme durant la crise du Covid.”
Pendant deux semaines, Trends Tendances pose des questions très concrètes concernant la crise énergétique et économique.
Crise énergétique: les aides décidées par les gouvernements sont-elles suffisantes?
“Pour répondre clairement à cette question: les aides ne sont pas suffisantes“, entame Pierre-Frédéric Nyst, président de l’Union des Classes moyennes (UCM).
Dire que le politique, à tous les niveaux de pouvoir, n’a rien fait, ce serait tout à fait excessif. De même, demander qu’il donne une partie de son salaire, ce n’est pas notre tasse de thé. Mais on ne peut pas pour autant refermer le dossier en disant que tout ce qui était possible a été fait.
Le premier niveau de pouvoir où l’on peut agir, c’est le niveau européen avec le plafonnement du prix du gaz. C’est un grand débat qui doit se mener à Vingt-sept, ce qui n’est pas facile, cela ne dépend pas uniquement de la Belgique, mais nous pouvons avoir un pouvoir d’influence dans la discussion, notamment en ce qui concerne le découplage du prix de l’électricité par rapport à celui du gaz. On doit trouver des solutions pour que, à terme, c’est-à-dire dans trois ou quatre mois grand maximum, nous n’ayons plus jamais des factures d’énergie quatre, cinq ou dix fois plus importantes. C’est le travail à mener au niveau européen. Il y a des avancées, mais on attend davantage.
Deuxièmement, au niveau du fédéral, on a des mesures automatiques qui sont des mesures pièges sous forme de reports de cotisations. Je rappelle tout de même que quand on reporte les cotisations d’une année, on devra payer l’année suivante celle de deux années. Ce sont des faux cadeaux. Bien sûr, cela permet de gérer un peu sa trésorerie si on le gère bien, c’est une mesure importante à ce titre, mais si on ne paye rien en misant sur le report, on risque de se faire piéger.
Le droit-passerelle a par ailleurs prolongé pour faire face à la crise de l’énergie. Mais à notre secrétaire social, nous avons reçu sept demandes et elles sont tout refusées parce que les conditions ne sont pas remplies. Aujourd’hui, c’est une crise des charges, ce n’est pas une crise du chiffre d’affaires. Or, pour bénéficier de ce droit-passerelles, il faut pratiquement arrêter son activité. Ceux qui le demandent, ils n’arrêtent pas, ils souffrent, mais ils continuent à travailler ! Pour l’instant, ce n’est donc pas opérant. Il y aura peut-être un moment, en 2023, où l’activité sera réduite et certains feront des calculs en se disant qu’il vaut mieux arrêter.
De même, le chômage temporaire, c’est aussi une aide, mais aujourd’hui, il y en a très peu, tout simplement parce qu’il faut que tout le monde soit sur le pont.
Qu’est-ce que nous attend son fondamentalement du politique aujourd’hui? Si on pouvait avoir un peu d’argent au niveau des Régions, qui sont responsables des aides aux entreprises, ce ne serait pas mal. Le problème, c’est que le système mis en place en Région wallonne offre des soutiens trop limités. Il serait judicieux de recevoir davantage d’aides financières, notamment dans des secteurs les plus impactés, comme les boulangers. A vrai dire, on n’y croit quand même pas trop.
Cela dit, le gouvernement fédéral et le Premier ministre doivent continuer à bosser. Peut-être devrait-on avoir un Comité de concertation élargi, avec la mise en place d’un baromètre de l’énergie comme il y avait eu des indicateurs durant la crise du Covid. Il serait crucial que l’on soit informés. Pour le moment, il y a un déficit dans ce domaine. Par ailleurs, il serait essentiel de mieux coordonner. Si le Premier ministre n’a pas de baguette magique, nous en sommes conscients, il doit prendre une baguette de chef d’orchestre. Il doit coordonner l’ensemble des actions et il doit aller gratter chez les fournisseurs d’énergie et au niveau des banques pour agir. C’est un ensemble d’actions qui doit être mis en place pour redonner de la perspective aux gens.
Pour l’instant, c’est un vrai souci. J’ai encore eu un message d’un administrateur de l’UCM, la semaine dernière, me disant qu’un de ses amis avait tenté de mettre fin à ses jours parce qu’il n’avait pas de perspectives, précisément. Nous risquons vraiment de vivre des catastrophes en 2023.”
Des solutions à la crise
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