Atteindre un taux d’emploi à 80%? Le chercheur d’Itinera Jean Hindriks souligne combien ce sera difficile: si la situation s’améliore légèrement en fin de carrière, elle se détériore fortement avec l’entrée de plus en plus tardive des jeunes.
Atteindre un taux d’emploi de 80% d’ici 2030: c’est le voeu formulé par les majorités installées au fédéral et en Wallonie après les élections de juin 2024. Réformes à la clé. Mais l’objectif sera tout sauf aisé à réaliser.
Jean Hindriks, professeur d’économie à l’UCLouvain et chercheur à l’Institut Itinera, donne les clés pour comprendre cette difficulté dans une étude offrant les chiffres au grand public. “Pour calculer le taux d’emploi, rappelle-t-il, on calcule le nombre de gens en âge de travailler qui sont effectivement à l’emploi.”
Les jeunes inactifs
L’analyse d’Itinera scrute un tableau en évolution depuis 2006, en intégrant également les inactifs et les chômeurs. “On découvre des dynamiques très contrastées, résume Jean Hindriks. On voit, par exemple, que chez les jeunes, le taux de chômage baisse, mais le taux d’emploi baisse aussi, cela s’explique par une hausse de l’inactivité.”
Explication: “Cette hausse de l’inactivité est due au fait que de plus en plus de jeunes restent plus longtemps dans leurs études.”
A l’autre bout du spectre, en revanche, la situation s’améliore sans être parfaite. “Chez les plus de 55 ans, on a la dynamique opposée, complète Jean Hindriks. Le taux de chômage est en hausse, mais le taux d’emploi est également en hausse. C’est liée à une baisse de l’inactivité dans cette classe d’âge, notamment due aux réformes limitant l’accès aux pensions anticipées.”
L’envolée des banlieues
Les dynamiques et les trajectoires sont également très contrastées selon les lieux de résidence, souligne encore le chercheur. Si on compare Bruxelles avec la Flandre et la Wallonie, on constate un taux de chômage significativement plus important dans la capitale.
Mais les contrastes sont bien plus marqués encore entre les grandes villes et la campagne, les provinces ou la côte qui performe bien. Ce sont surtout les banlieues des villes et les nouvelles agglomérations qui tirent les marrons du feu.
L’approche interactive présentant l’étude est particulièrement éclairante.
Cette analyse témoigne de l’importance des réformes initiées, certainement celles des pensions et de l’emploi, mais aussi… celles impactant la durée des études ou améliorant la mobilité, la sécurité et le cadre de travail.
Il y a encore… bien du travail!