Le seum de Paul Magnette (PS) face au MR, à la N-VA, au Roi…: et après?

Paul Magnette, lors de la rentrée parlementaire.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Paul Magnette, président du PS, digère mal son arrivée dans l’opposition. La critique des nouveaux gouvernements est avancée. Avec un retour aux charges contre le “gouvernement MR/ N-VA”. L’introspection sera pour plus tard.

Paul Magnette, président du PS, a visiblement le seum. Le rejet du PS dans l’opposition en Wallonie et au fédéral lui inspire une forme de dégoût sur la façon dont le MR a gagné les élections, de crainte par rapport à la mainmise de la N-VA, voire de dépit à l’égard de l’attitude du roi Philippe.

Dans un entretien à La Libre, mercredi matin, le bourgmestre de Charleroi a multiplié les critiques et constats amers, comme il l’avait déjà fait en radio ou en télévision. La stratégie suivie consiste à dénigrer l’alliance MR-Engagés, à mettre le doigt sur un changement d’époque qui donnerait une prime à la droite radicale ou encore à dénoncer les méfaits pour la classe moyenne des politiques qui seront menées.

C’est un rappel des vives critiques lancées durant des années contre le gouvernement “MR/ N-VA” de Charles Michel. Cela n’empêchera visiblement pas l’histoire de se répéter. Les socialistes feraient peut-être mieux de mener une introspection sur les raisons de leur échec.

A droite, toute!

Il n’y a presque plus d’offre à l’extrême droite en Belgique francophone, le MR a occupé cet espace, constate Paul Magnette dans cet entretien. C’est de la stratégie, ils n’ont pas de scrupules. On joue la carte de la droite décomplexée, on tape sur les chômeurs, on raconte n’importe quoi sur les étrangers, on installe ces thèmes et on gagne. Très bien. Mais quand on gagne comme ça, on gouverne comment?”

Le président du PS oublie de dire que son parti fut pendant longtemps le barrage contre l’extrême droite, en raison de son clientélisme actif. Il n’évoque pas la profonde déchirure qui existe au sein de sa formation politique entre laïcs et communautaristes. Il ne retient, enfin, pas la leçon principale de ce scrutin: le PS a échoué dans son combat à être le parti du travail face à un MR qui l’a acculé à être celui de l’assistanat.

Amertume, suite.  “On a encore une jeunesse très à gauche qui est ancrée dans des questions identitaires sur le genre, etc, dit Paul Magnette. Mais dans le même temps, on a une jeunesse qui vise un mode de vie consumériste. Quand vous passez votre journée à scroller sur Tik Tok en voyant des gens qui vivent dans le luxe à Dubaï, ça finit par avoir un effet sur les consciences.”

Le président du PS refuse de vivre dans une époque où le numérique est devenu le cœur de nos sociétés. On se rappelle de ses propos désastreux sur l’e-commerce en Belgique, quand il souhaitait un pays “avec de vrais magasins”. La déconvenue du PS, c’est aussi l’échec de son idéologie “écosocialiste” et de sa volonté forcenée de rivaliser avec le PTB à gauche de la gauche. À ce sujet aussi, une introspection serait bien utile – et elle devrait avoir lieu.

Quand le Roi choque

Le seum de Paul Magnette vaut également à l’encontre du Palais royal. Lors de son discours du 21 juillet, le Roi Philippe a estimé que les récentes élections permettaient de mettre en place un “projet cohérent”. Sa réaction? “C’est profondément heurtant. Je ne ferai pas d’autres commentaires.” Le Roi entendait pourtant saluer l’avènement possible d’une coalition fédérale à cinq partis, dans un délai relativement court, et l’absence de menace imminente sur l’existence du pays dont il a la charge.

Paul Magnette dénonce encore le premier gouvernement “confédéral” composé des mêmes majorités que celles voyant le jour en Flandre et en Wallonie: N-VA, CD&V et Vooruit d’un côté, MR et Engagés de l’autre. Mais comment ne pas se demander pourquoi le PS est laissé de côté et, surtout, pourquoi Vooruit a abandonné la loyauté socialiste pour se préparer à gouverner sans lui?

Peut-être le PS profitera-t-il de cette cure d’opposition pour se ressourcer. Sans doute profitera-t-il d’un contexte budgétaire dantesque qui imposera aux nouveaux gouvernements de réaliser des économies importantes dans plusieurs départements. Déjà, en forçant le trait, il annonce que l’accord du gouvernement wallon coûtera “2000 euros à chaque ménage”, mais en y intégrant même un éventuel… abonnement à des chaînes sportives en raison de la baisse de dotation de la RTBF.

L’assise du PS reste forte en Belgique francophone et le parti garde sa confiance en Paul Magnette. Mais après ce seum, il s’agira bien de rebondir.

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