Le rêve d’un MR à 31-35%, l’offensive flamande et les vents contraires

Georges-Louis Bouchez, président du MR, marche sur l’eau et veut encore grandir, même s’il en irrite plus d’un. Sa conquête annoncée de la Flandre crispe l’Open VLD. Entre ambition démesurée et malaise interne, la droite populaire avance et poursuit sa “guerre culturelle”.

Georges-Louis Bouchez, président du MR, marche sur l’eau. Sa victoire électorale de juin 2024 a conforté sa mainmise sur le parti. Présent dans tous les gouvernements constitués, en attendant Bruxelles, le libéral ne cesse de s’irriter au sujet de ces adversaires qui “ne reconnaissent pas sa victoire”. Il l’a encore rappelé la semaine dernière lors de ses vœux à retardement, fustigeant l’opposition radicale et les violences.

Non content de léviter, le Montois entend bien passer encore à la vitesse supérieure. Fort de ses recrutements de jeunes militants, avec un regard tourné vers la Flandre, il entend faire encore progresser le MR. La barre est placée, haute, pour ses collaborateurs, entre 31% et 35%. En clair, il y aurait bien quelques points à grappiller encore en Wallonie et, aussi, quelques sièges de députés à aller chercher en Flandre.

Le “vrai libéral” au nord

Déjà très présent dans les médias au nord du pays, bien que s’y exprimant en français, Georges-Louis Bouchez ne cache plus sa volonté d’étendre le MR au nord du pays. Des élus locaux expriment l’envie de le rejoindre et les milieux économiques, notamment, voient en lui un “vrai libéral”, là où l’Open VLD a perdu cette ligne claire. Ce n’est pas pour rien que son nouveau chef de cabinet est flamand: Rudy Aernoudt, professeur à Gand, ancien chef de cabinet de la ministre libérale flamande Fientje Moerman.

Mais cette envie de concurrence l’Open VLD ou de l’absorber ne fait pas que des heureux. A fortiori quad Rudy Aernoudt dit ouvertement à la presse flamande qu’il n’est pas fermé à un dialogue avec le Vlaams Belang: Bouchez a toujours dit qu’il débattrait volontiers avec lui, mais qu’il ne ferait jamais de coalition.

Alexia Bertrand, ministre fédérale du Budget sortant et transfuge du MR vers l’Open VLD, a rétorqué ce mercredi matin: “Je crois encore dans la grande famille libérale, mais je lis aussi les déclarations de Rudy Aernoudt et je n’ai pas l’impression que le MR Vlaanderen soit un parti libéral comme nous l’entendons.”

Les dents serrées au sud

En Wallonie aussi, la ligne très “droitière”, dans le sens de son projet de “droite populaire”, du président fait grincer des dents. Mais sa mainmise empêche toute expression contraire, a fortiori après sa victoire de juin 2024 et dès lors qu’il place ses femmes et ses hommes aux places stratégiques.

Ses expressions dures contre la coopération au développement, dont il a remis en cause la pertinence, ont notamment choqué, alors que le secteur… a été entre les mains libérales pendantes de longues années et correspond à la vision d’un développement accompagné ou d’une émancipation bienvenue.

De vent contraire, il n’est pas encore question pour l’instant, mais on entend aussi des remarques courroucées sur les profils très… populaires de certaines recrues, pour ne pas parler des débauchages de candidats de Chez Nous qui avait fait couler beaucoup d’encre.

Georges-Louis Bouchez, par ailleurs, affronte ouvertement le PS dans des séquences parfois violentes, comme lorsqu’il a dénoncé l’expression de “génocide” en Palestine dans un débat public à l’UCLouvain, face à un Paul Magnette qui a failli quitter les lieux. C’est de bon ton chez les libéraux, mais la férocité effraie.

Le magazine politique Wilfried qui sort ces jours-ci revient également sur la “guerre culturelle” qu’il mène face à la gauche, et notamment à la RTBF.

Le style Bouchez reste “disruptif”, pour prendre un mot à la mode, reste à voir si cela le portera en effet au-delà des 30%. Pour l’instant, on observe, mais au moindre faux pas…