Le retour du nucléaire: fin d’un tabou
Un nombre croissant de pays européens prolongent leurs centrales ou investissent dans le nucléaire du futur. La Belgique, qui a prolongé deux réacteurs, devrait en faire davantage. Voici pourquoi cette perspective est inéluctable, mais aussi pourquoi cette décision prend du temps.
“Nucléaire, non merci!” Ce slogan des années 1970 a bercé des générations d’activistes et durablement nourri les mouvements écologistes. L’énergie atomique était certes précieuse pour répondre aux besoins de la croissance mais elle comportait trop de risques d’explosion et hypothéquait l’avenir de la planète avec ses déchets radioactifs. En 1986 et en 2011, les accidents de Tchernobyl et de Fukushima ont accentué cette hantise. Le nucléaire, disait-on, était à conjuguer au passé. En 2003, la Belgique, pionnière dans le domaine, n’a-t-elle pas voté une loi d’avant-garde pour programmer la fermeture définitive des réacteurs actifs dans notre pays? L’Allemagne n’a-t-elle pas suivi cette voie après Fukushima? L’avenir, c’était écrit, était aux renouvelables: éoliennes, panneaux photovoltaïques, biomasse…
“Un retour à la raison”
Cinquante ans après “Nucléaire, non merci!”, alors que les écologistes sont au pouvoir un peu partout en Europe et dans tous les gouvernements en Belgique, voilà pourtant l’atome qui revient à l’avant-plan du débat. Il s’inscrit dans une évolution qui paraît à son tour inéluctable, en complément de l’essor voulu par tous des énergies renouvelables parce que l’heure est à la décarbonation de nos sociétés. Un peu partout sur le continent, on prolonge donc des réacteurs et on réfléchit à la construction de centrales de nouvelle génération. Chez nous, le gouvernement fédéral d’Alexander De Croo (Open Vld) ne formule plus aucun tabou: après avoir décidé de prolonger les réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 au-delà de 2025, il envisage la prolongation d’autres réacteurs et n’exclut pas d’investir dans le nucléaire du futur. L’objectif du gouvernement est d’atterrir avec un accord global avant la fin de l’année. Mais ce n’est pas sans douleur. Car le débat polarise, provoquant des secousses dans la coalition de sept partis: Ecolo et Groen progressant à reculons sur le sujet, tandis que le MR veut avancer à marche forcée. Les tensions sont donc vives. Lors d’un récent débat à couteaux tirés avec Georges-Louis Bouchez, président du MR, la coprésidente de Groen, Nadia Naji, a affirmé que ce gouvernement De Croo devait gérer le bilan inexistant de Marie-Christine Marghem, actuelle députée MR mais surtout ancienne ministre fédérale de l’Energie. “Nul!”, a ironisé Nadia Naji… “Qu’a produit sa ministre (Tinne Van der Straeten, Groen, Ndlr)? a répliqué Marie-Christine Marghem. Nul. J’ai permis à la Belgique de bénéficier de 2,3 GW supplémentaires. La ministre Groen = 0 MW supplémentaire.” L’ex-ministre faisait référence à la prolongation des réacteurs Doel 1 et 2 ainsi qu’à l’éolien offshore en mer du Nord. Et cet échange n’est qu’un exemple des dissensions. Entre verts et bleus, c’est l’amour fou…
Les professionnels du secteur ne sont pas assez écoutés, c’est un problème.”
Philippe A-J Hendrickx (Engie-Electrabel)
La crise énergétique sévère provoquée par la guerre en Ukraine et le réchauffement climatique qui impose de limiter drastiquement les émissions de CO2 ne laissent pourtant plus le choix. L’ingénieur star du débat climatique en France, Jean-Marc Jancovici, ne dit pas autre chose, défendant le nucléaire tout en étant un adepte d’une forme de décroissance. Même Greta Thunberg a concédé que le nucléaire pouvait servir d’appoint au renouvelable pour répondre à l’enjeu climatique: interrogée par la télévision allemande, la militante écologique suédoise a déclaré que la prolongation des centrales était moins désastreuse que la remise en marche de centrales au charbon.
“Si Greta Thunberg a su se débarrasser de son carcan dogmatique, Ecolo-Groen le pourrait aussi, s’exclame Marie-Christine Marghem. Ne luttent-ils pas de conserve contre le dérèglement climatique? Et le nucléaire n’est-il pas peu producteur de CO2, contrairement au gaz, et pilotable, contrairement au renouvelable?”
A la demande de la Fédération belge des industries grosses consommatrices d’énergie (Febeliec), la structure EnergyVille, qui rassemble des experts réputés de l’énergie, a publié début octobre une étude dont la conclusion est sans appel: “L’énergie nucléaire a le potentiel, tant aujourd’hui (par l’extension de la durée de vie de centrales existantes) qu’après 2045 (grâce à des percées de nouvelles technologies), pour jouer un rôle important dans l’approvisionnement abordable et garanti d’une Belgique neutre climatiquement”.
“C’est effectivement le retour en grâce de l’atome, se réjouit Damien Ernst, professeur à l’ULiège et expert omniprésent durant cette crise énergétique. On devrait même plutôt parler d’un certain retour à la raison en matière de politique énergétique.” “C’est vrai, je crois que l’on revient à la raison, confirme Serge Dauby, directeur du Forum nucléaire belge, qui regroupe la plupart des sociétés et organismes actifs dans le domaine de l’atome. Mais cela reste beaucoup trop lent.”
Tout était écrit il y a 15 ans
Philippe A-J Hendrickx, ingénieur nucléaire actif chez Engie-Electrabel depuis 35 ans et président de la section énergétique de la Confédération nationale des cadres (CNC), est bien placé pour évoquer cette évolution. Ayant lui-même participé à l’essor du nucléaire en Belgique, il ne cesse de plaider sa cause, y compris au niveau européen. “Je me rappelle avoir écrit une carte blanche en 2007, quand l’Ukraine est arrivée pour la première fois dans l’actualité parce que Gazprom avait multiplié arbitrairement par quatre sa facture et que le pays avait décidé de ne pas la payer, raconte l’ingénieur. C’était un premier soubresaut qui annonçait les crises d’après. Dans ce texte, dont on pourrait faire un copier-coller aujourd’hui, nous évoquions le manque de débat démocratique sur cette question énergétique en Belgique. Je me basais sur le rapport de la Commission Energie 2030, chargée de baliser la stratégie belge pour le futur, qui insistait sur la nécessité de prolonger tout le parc nucléaire, tout en développant le renouvelable, bien sûr.”
2007, c’était quatre ans après la loi sur la sortie du nucléaire. “Nous mettions déjà en garde, à l’époque, contre le risque de chocs gaziers dans le futur, comme on a eu des chocs pétroliers, prolonge Philippe Hendrickx. Nous avions émis quatre propositions. Premièrement, il nous paraissait prioritaire de diversifier les sources d’approvisionnement au niveau européen en nous libérant le plus possible de l’emprise russe – tiens, tiens… Deuxièmement, il était vital de développer le renouvelable mais en mettant en garde contre un développement chaotique, en raison de l’utilisation des subsides – cela s’est vérifié également. Le troisième axe, c’était l’urgence d’isoler les bâtiments. Et le quatrième, la prolongation du parc nucléaire existant.” Bref, tout était écrit dans ce texte publié il y a 15 ans.
A l’heure où émettre du CO2 n’est absolument plus une option, je ne peux pas comprendre que l’on se pose encore tant de questions.
Serge Dauby (Forum Nucléaire)
“Nous n’avions pas de boule de cristal, mais à la Fédération européenne, nous avons des spécialistes de tous les pays et la situation en Ukraine nous avait déjà mis la puce à l’oreille, souligne le syndicaliste. Les professionnels du secteur ne sont pas assez écoutés, c’est un problème. Tout comme la façon dont les accidents nucléaires ont été présentés. Cela a amené des décisions politiques pour se couvrir, au cas où… Un arrêté royal ‘post-Fukushima’, adopté en 2011, impose aux centrales nucléaires belges des conditions démesurées. On a transformé des recommandations internationales des régulateurs européens en obligations. Or, les Pays-Bas ont, par exemple, prolongé une centrale nucléaire qui se trouve non loin de Doel, une zone non sismique, sans appliquer la recommandation sur le séisme. En Belgique, on a intégré ces normes sismiques qui rendent quasiment impossible la prolongation.”
Les écologistes ne cessent de mettre en avant la nécessité sécuritaire pour justifier leurs réserves sur une stratégie plus ambitieuse. “On ne peut prendre aucun risque avec la sécurité nucléaire”, ne cesse de marteler Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo. “Si ces centrales étaient en mauvais état, elles auraient été fermées immédiatement par l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN)”, réplique Georges-Louis Bouchez.
Responsable pendant six ans de la gestion des pièces de réserve du parc de production nucléaire, Philippe Hendrickx témoigne de l’entretien extrêmement minutieux des centrales. “Nous rentrions tous les mois 2 millions d’euros de nouvelles pièces parce que l’on était en permanence en train de renouveler l’installation”, dit-il. En s’indignant des risques évoqués par les verts au sujet des micro-fissures: “J’ai entendu madame Van der Straeten, ministre fédérale de l’Energie, dire dans les médias que c’était l’AFCN qui imposait leur fermeture à 40 ans à cause des fissures. C’est faux! L’Agence a approuvé un rapport rédigé par nos experts qui ont analysé les défauts dus à l’hydrogène et qui ont donné, il y a déjà quelques années, une perspective de 47 ans. Il y a d’ailleurs des solutions techniques pour prolonger jusqu’à 50 ans.”
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Le fossé entre pragmatisme et irrationnel
Mais il ne suffit pas de décider, encore faut-il pouvoir appliquer la décision. On sait combien les négociations entre l’Etat belge et Engie au sujet de la prolongation de Doel 4 et Tihange 3 pour 10 années supplémentaires s’avèrent compliquées. “Elles sont longues et difficiles et je le comprends, souligne Serge Dauby, du Forum nucléaire. L’opérateur avait signalé en temps voulu qu’il fallait savoir vers où nous voulions aller. Il n’a pas été entendu à ce moment-là. Or, qui d’autre que l’opérateur sait ce qui est important pour lui? Et je salue ce que l’opérateur dit parce que c’est une grande vérité: on n’improvise pas avec le nucléaire qui est une technologie complexe, même si elle est parfaitement maîtrisée, certainement en Belgique.” Des considérations financières sensibles s’ajoutent en outre à cette discussion opérationnelle, qui payera quoi pour cette prolongation et le démantèlement qui, in fine, suivra….
“La prolongation de deux réacteurs a été obtenue dans la douleur et le contexte reste difficile car les anti-nucléaires sont toujours à la tête de notre politique énergétique, peste Damien Ernst. Pour un industriel, c’est évidemment plus difficile de prolonger s’il reçoit en permanence des signaux qui ne sont pas clairs. Et il a d’autant plus envie de voir son engagement blindé sur le plan juridique. Dans les circonstances actuelles, je comprends qu’Engie ne fasse pas confiance au gouvernement. Je ne veux pas défendre les grands industriels, mais travailler dans un contexte qui n’est pas rationnel peut se révéler très difficile. Je constate un décalage de plus en plus grand entre le pragmatisme du monde économique et le caractère irrationnel de la politique.”
D’autant que le bras de fer sur une prolongation plus large nécessite, lui aussi, des trésors de diplomatie dans le chef du Premier ministre. On sait qu’Alexander De Croo fut contraint de convoquer un Conseil des ministres restreint pour recadrer son équipe… “J’imagine combien revenir sur des choses qui ont été décidées et octroyées lors de négociations est compliqué pour un gouvernement, commente Serge Dauby. Mais à l’heure où émettre du CO2 n’est absolument plus une option si on veut atteindre nos objectifs climatiques, je ne peux pas comprendre que l’on se pose encore tant de questions. Les lignes bougent, c’est vrai. Le CD&V est désormais convaincu de la nécessité d’agir vite. Mais il n’est pas normal que pour des raisons davantage émotionnelles que rationnelles, une famille politique puisse bloquer tout un pays.”
Dans le cadre de ses discussions budgétaires, le gouvernement fédéral a donc confié à Elia, gestionnaire du réseau à haute tension, et à la Commission fédérale de régulation de l’électricité et du gaz (Creg), le soin d’analyser toutes les “options supplémentaires” pour renforcer – si nécessaire – la sécurité d’approvisionnement du pays jusqu’en 2030. Parmi ces options, figure le nucléaire. “Mais ce n’est pas la seule”, confie le Premier ministre à qui veut l’entendre.
“La position d’Elia est importante, insiste Serge Dauby. Son métier n’est pas de produire de l’énergie mais de la transporter. Et, ai-je envie de dire, peu importe d’où provient cette énergie. Si elle vient des pays voisins, tant pis, cela ne changera rien à son métier… Mais la priorité pour la Belgique, ce doit être cela: l’indépendance énergétique, avec une énergie décarbonée, et assurer la sécurité d’approvisionnement à des prix raisonnables. Et la meilleure solution pour y arriver, c’est un mix énergétique avec du nucléaire. L’interconnexion avec les autres pays ne peut être qu’une solution de dépannage.”
“Un moment de bascule européen”
D’ailleurs, le vent tourne aussi en Europe. Et il ne s’agit pas seulement de prolonger les centrales existantes, mais bien de se tourner vers les nouvelles technologies nucléaires. “Nous sommes à un moment de bascule”, confirme Philippe Hendrickx. Le syndicaliste, très actif au niveau continental, expose: “La Grande-Bretagne a un grand programme de construction de centrales qui démarrera en 2026-2028. Les Pays-Bas ont plusieurs projets de centrales nucléaires. Les Français veulent accélérer leurs projets, c’est une priorité pour le président Macron. La Finlande et la Suède misent aussi sur cette technologie. De même que les pays de l’Est. La Pologne est en train de discuter avec EDF. La Hongrie, où je me suis rendu récemment, développe de nouveaux réacteurs de conception russe mais négocie avec Westinghouse pour ne plus dépendre du combustible russe. Vous avez bien sûr quelques exceptions, comme l’Autriche, le Danemark, l’Italie ou l’Allemagne”. Même si, dans ce dernier cas, le gouvernement d’Olaf Scholtz a bel et bien été contraint de prolonger les trois centrales nucléaires en activité.
“Chez les Allemands, la situation reste très complexe, souligne Serge Dauby. Ils veulent même rouvrir 10 centrales au charbon. Sincèrement, au moment où l’on scande le besoin de limiter les émissions de CO2, cela paraît de la folie… Mais ailleurs, de plus en plus de pays reviennent effectivement à la raison environnementale. En France, la question se pose moins parce que la décision y a été toujours plus assertive, avec un gouvernement davantage impliqué dans les décisions. D’autres pays, comme les Pays-Bas, avancent à pas rapides: les prolongations de 20 ans ont été validées et on parle déjà de la construction de nouvelles centrales. Or, c’est à quelques centaines de kilomètres de chez nous.”
Nous avons vécu pendant des années avec des promesses insensées et intenables.
Damien Ernst (ULiège)
Le directeur du Forum nucléaire complète: “La Belgique appartient à ces pays où la décision est plus complexe. On ne doit pas se mentir, cette situation est liée au fait que le politique est coincé par des déclarations ou des prises de décisions précédentes. La prolongation du nucléaire est entre les mains du politique. Mais ce qui est primordial également, c’est que notre filière nucléaire continue à se renforcer. On doit miser sur le nucléaire de demain, les petits réacteurs modulaires (SMR) de génération 3 et de génération 4.”
Dans le même esprit, en marge du récent congrès du MR destiné à dessiner un projet politique pour 2030, son président Georges-Louis Bouchez a estimé qu’il était indispensable pour le gouvernement fédéral de se pencher dès à présent sur les lieux susceptibles d’accueillir de nouvelles centrales, et ce afin que leur construction puisse commencer au lendemain des élections législatives de 2024.
La volonté politique du MR semble claire. Même si son président va peut-être un peu vite en besogne. C’est du moins ce que lui reproche François De Smet, président de DéFi: “Je suis convaincu que l’énergie nucléaire de quatrième génération est indispensable pour notre indépendance énergétique et la transition climatique. Mais affirmer qu’on peut construire des centrales en trois ans, c’est tout simplement absurde. Ces travaux prennent une génération”.
“La troisième génération pourrait déjà être disponible au début des années 2030, rétorque Serge Dauby. Les premiers SMR vont tourner au Canada à partir de 2027: il faut le savoir! Et pourtant, le Canada a beaucoup d’énergie renouvelable. Suivront ensuite le Royaume-Uni, puis la Finlande et la Suède. On parle d’un horizon de cinq ans, ce n’est plus une logique de science-fiction. Les détracteurs du nucléaire disent que c’est encore dans les bureaux d’études, mais pas du tout: on va bientôt poser les premières pierres. Ensuite, le SMR 4 proposera d’autres solutions, dont la production d’hydrogène. Il est quand même plus logique de produire l’hydrogène en Belgique que de le faire venir du Qatar, non?”
“L’attitude belge reste incompréhensible”
Le débat sur le nucléaire est l’un des plus épiques de cette époque chamboulée sur le plan énergétique. Si l’atome n’est pas la solution miracle, il paraît toutefois un complément idéal aux renouvelables. Voilà pourquoi ses partisans regrettent que la Belgique ne suive pas plus rapidement la tendance qui se dessine.
“L’attitude de notre pays est incompréhensible, estime Philippe Hendrickx. L’école dans laquelle j’ai fait mes études d’ingénieur était la première en Europe au niveau du nucléaire: c’était en 1956. Nous sommes des pionniers. Nous avons été les premiers à avoir la licence PWR (celle concernant les réacteurs à eau pressurisée, Ndlr) en dehors des Etats-Unis, bien avant les Français, parce que de Gaulle n’en voulait pas. Il a fallu que de Gaulle quitte le pouvoir pour qu’EDF se lance. La fermeture des centrales, c’est aussi un problème pour la filière des ingénieurs, chercheurs et techniciens: c’est un know-how que l’on risque de perdre et que d’autres vont s’empresser de développer.”
“De même, on a arrêté le retraitement du combustible, ce qui est un non-sens, prolonge l’ingénieur. On a multiplié le volume de déchets par 20 et l’exploitant ne sait toujours pas ce que l’on va en faire. Cela va coûter cher en stockage. Mais dans ce débat, nous sommes cadenassés par un blocage idéologique. On argue que ce stockage serait super dangereux. J’observe qu’en Suède et en Finlande, ils ont pris des décisions pour un stockage définitif et les écologistes y ont été associés. Les solutions technologiques existent ; le problème, c’est qu’il n’y a pas de décision politique.”
La loi de sortie de nucléaire datant de 2003 devrait par ailleurs être revue si l’on veut envisager le développement de ces filières futures. “Mais des partis ne sont tout simplement pas prêts à la changer, regrette Serge Dauby. C’est là que je parle de dogme. Ou alors il faut me prouver que mon argumentaire établissant que le nucléaire est la technologie décarbonée la plus complémentaire avec le renouvelable est faux, et alors je l’accepterai… Dans le cas inverse, j’estime qu’on ne peut pas prendre un pays en otage comme cela. Je ne veux pas croire que les 100 millions sur quatre ans investis par le gouvernement pour le nucléaire du futur (les petits réacteurs modulaires, Ndlr) seront symboliques. Mais il est dommage d’entendre la personne en charge de cette matière (la ministre de l’Energie, Ndlr) dire, une semaine après que cet investissement eût été annoncé, que le SMR n’était qu’un jouet pour milliardaires désoeuvrés.”
“Un certain nombre de pays comme le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas ou les pays de l’Est ont fait le sage choix de miser sur le nucléaire en complément du renouvelable, conclut Damien Ernst. Chez nous, on est dans le dogmatisme écologique. Le débat avance dans l’opinion publique, certes, mais il ne sera peut-être tranché politiquement qu’avec les élections de 2024. L’électeur doit se rendre compte qu’on n’a pas eu la vision nécessaire en matière d’énergie. Nous avons vécu pendant des années avec des promesses insensées et intenables en matière de décarbonation et de développement du renouvelable.”
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