Trois “délégués aux entreprises” ont été désignés pour “réparer les erreurs de communication” et “briser les clichés”. Oui, la création de richesse fait partie de l’ADN du parti socialiste. Même si la justice sociale reste son objectif numéro un.
Ce sont les trois mousquetaires. Trois “délégués aux entreprises”, désignés par le PS pour renouer avec le monde des affaires. Trois bourgmestres de grandes villes, aussi. Déborah Géradon (Seraing), Nicolas Martin (Mons) et Thomas Dermine (Charleroi) vont contribuer à la grande opération de refonte du parti de Paul Magnette en tentant de réparer les erreurs du passé et de séduire à nouveau les entrepreneurs.
“L’initiative part du constat qu’il y a eu une coupure entre le PS, son message social-démocrate, et le monde de l’entreprise, constate Thomas Dermine. Cela est dû avant tout à certaines erreurs de communication commises durant la campagne électorale : je pense notamment à un visuel stigmatisant les patrons. C’était une communication agressive sur des enjeux de justice fiscale qui sont réels, par rapport aux grosses fortunes qui font de la planification pour éluder l’impôt, mais cela avait été mal reçu par les indépendants et les patrons de PME. C’était une erreur tactique.”
En avril 2024, l’équipe de communication du président Paul Magnette avait publié une citation sortie de son contexte sur les réseaux sociaux : “Si les gens souffrent dans leur travail, ce n’est pas à cause des chômeurs ou des étrangers, mais bien à cause de leurs patrons et des facteurs financiers. Il ne faut pas se tromper d’adversaire.” Elle était issue d’une interview qui concernait le dernier livre du socialiste, sur le travail.
L’UCM s’était étranglée : “Stigmatiser tous les patrons, nos entrepreneurs méritent mieux…”
Créer de la richesse
“Nous voulons renouer avec le message selon lequel nous, socialistes, n’avons aucun problème avec le fait de s’enrichir si l’on prend des risques, souligne Thomas Dermine. Si on veut répartir la richesse, il faut avant tout la créer. Nous, socialistes, devons nous intéresser aux deux côtés de l’équation. Bien sûr, il ne faut laisser personne au bord du chemin, avoir des politiques de l’éducation qui émancipent… Mais nous sommes aussi là pour soutenir la croissance et les entrepreneurs.”
Depuis l’avènement des gouvernements MR-Engagés, un millier de nouveaux adhérents ont rejoint le PS, une grande partie émanant de l’horeca ou du secteur de la construction, impacté par la diminution des primes à la rénovation. “Notre message central consiste à dire qu’en économie, on gagne ensemble ou on perd ensemble, dit Thomas Dermine. Les gouvernements actuels font croire que l’on peut vivre mieux en appauvrissant l’autre, c’est évidemment faux.”
“Nous voulons aller partout, y compris là où l’on ne nous attend pas”
Concrètement, ces “trois mousquetaires” du PS vont mener en 2025 et 2026 une phase de concertation. “Nous voulons aller partout, y compris là où l’on ne nous attend pas”, précisent-ils. Le 13 juin, Thomas Dermine était présent à la Trends Summer University, à Knokke, pour un dialogue avec les CEO d’Aerospacelab et de la Sonaca. “Cette dernière montre que l’on peut avoir une stratégie de croissance et de diversification avec un actionnariat 100% public.”
Cela sera suivi par une phase de rédaction et de formalisation. “Il s’agira de déconstruire les clichés, précise le bourgmestre de Charleroi. C’est faux de dire que quand le PS est au gouvernement, le déficit s’envole ou le marché de l’emploi recule. D’ailleurs, les statistiques nous donnent déjà raison avec les premiers résultats des nouvelles majorités.” Troisième phase, il s’agira de “partager la bonne parole”. Pour démontrer que le nouveau PS a l’économie dans son ADN. Le cap est mis sur 2029, déjà.