Le patron d’Amazon devant le Congrès américain
Jeff Bezos “rejoindra” les PDG d’Apple, de Facebook et de Google lors d’une audition antitrust du Congrès mercredi.
C’est la première fois que le fondateur et PDG d’Amazon témoignera devant le Congrès. La première fois aussi que Jeff Bezos devra répondre publiquement à un rapport préjudiciable alléguant qu’Amazon utilise les données, qu’elle recueille auprès de ses propres commerçants, pour leur faire concurrence. Cela n’était plus arrivé depuis longtemps mais l’homme le plus riche du monde sera soumis à un interrogatoire approfondi et critique dans un cadre public.
Amazon, Apple, Facebook et Google
Jeff Bezos apparaîtra, par vidéoconférence, aux côtés de trois autres géants de l’économie numérique : Tim Cook (PDG d’Apple), Mark Zuckerberg (PDG de Facebook) et Sundar Pichai (PDG de Google et de sa société mère Alphabet). Durant toute une année, la sous-commission antitrust de la Chambre des représentants a enquêté afin de déterminer si ces géants n’abusaient pas de leur pouvoir. La loi antitrust fédérale américaine de base a été créée il y a plus d’un siècle, il y a donc de fortes chances que ce soit le cas.
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Jeff Bezos est le seul des quatre PDG à n’avoir jamais été interrogé par le Congrès. Tim Cook a témoigné lors d’une audition du Sénat américain en 2013 pour défendre les stratégies d’Apple visant à minimiser la responsabilité fiscale. Mark Zuckerberg a témoigné devant le Congrès à plusieurs reprises à propos de la confidentialité des données. Enfin, Sundar Pichai a comparu devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants en 2018 pour des allégations selon lesquelles Google aurait un parti pris anti-conservateur.
Pourquoi maintenant ?
Une des raisons pour lesquelles Amazon n’a pas été inquiétée plus tôt est qu’elle a été, pour la plupart, bénéfique pour des millions d’acheteurs en ligne. La société leur offre un confort d’achat, de bons prix, une livraison rapide et un vaste choix. Et de leur côté, les autorités préfèrent cibler les pratiques commerciales qui, selon elles, porteront préjudice aux consommateurs.
Mais le problème pour Amazon et Jeff Bezos, c’est que l’entreprise s’est tellement développée et s’est étendue à tant de secteurs différents que ses activités commerciales ont un impact sur ses clients et sur des millions d’autres Américains. Certains commerçants gagnent leur vie en tant que vendeurs tiers sur Amazon. Cependant, aujourd’hui, ils sont confrontés à une concurrence croissante de la part d’Amazon qui fixe toutes les règles et modifie fréquemment ses politiques et algorithmes qui alimentent sa plateforme.
La cadence de travail constitue un autre point noir d’Amazon ; certains travailleurs déclarent qu’on leur demande d’atteindre des niveaux de performance trop élevés. D’un autre côté, de nombreux concurrents d’Amazon ont été écrasés dans son sillage. De plus, la pandémie n’a fait qu’accélérer la tendance à l’achat en ligne et a donné à Amazon un nouveau coup de pouce par rapport à nombre de ses concurrents.
Une politique douteuse
Pendant la pandémie, Amazon a licencié au moins six de ses propres employés qui ont protesté contre les conditions de travail inadéquates. La firme a cependant déclaré que tous ont été licenciés pour avoir violé les politiques de l’entreprise et non à cause de leur dissidence.
D’autre part, l’entreprise a continué à promouvoir ses propres produits de marque sur Amazon de manière douteuse, et ce, même si ce type de concurrence avec ses propres vendeurs est au centre des préoccupations de la sous-commission antitrust. De plus, en avril dernier, le Wall Street Journal publiait un rapport citant d’anciens employés d’Amazon qui affirment que la société a utilisé les données clients de ses revendeurs tiers pour les concurrencer.
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