Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Le mauvais pressentiment d’Elon Musk et le commerce de la peur
Aujourd’hui, si vous voulez garder le moral et ne pas rester caché sous la couette, mieux vaut ne pas lire la presse économique. C’est le blues total, à croire que c’est la surenchère à celui ou celle qui annoncera la fin du monde.
On est vraiment dans le commerce de la peur. Par sympathie, je vous évite la peine de lire les titres de cette presse dépressive, j’ai fait la lecture à votre place. Je vous résume ces sombres prévisions : la famine menace le monde, surtout les pays d’Afrique subsaharienne. Si vous avez échappé à la famine, alors c’est un hiver sans chauffage que l’on nous promet en Europe. Et si malgré tout, vous parvenez à survivre à ces calamités, alors c’est la récession qui vous rattrapera. L’ancien président Jacques Chirac avait déjà prévenu quand les emmerdes viennent, elles viennent généralement en escadrille.
Comme le fait remarquer Marc Fiorentino, ces prévisions ne sont pas fausses, mais elles sont probablement exagérées. Ne serait-ce que parce qu’elles proviennent d’institutions, respectable certes, mais qui n’ont rien vu venir. N’oubliez pas que les économistes qui travaillent à la banque mondiale, au FMI, à l’OCDE et à la BCE nous ont tous dit qu’il n’y avait pas de risque d’inflation. Et quand l’inflation s’est installée, ils nous disent que c’était momentané et maintenant qu’ils ont compris qu’ils se sont plantés dans leurs prévisions, ils nous disent que cette inflation va être forte et durer des années. C’est classique, je ne suis pas le seul observateur à le constater, le balancier passe de l’optimisme débridé au pessimisme le plus ravageur.
Certains se confortent même dans ce malheur en précisant que même Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, a rédigé un Tweet dans lequel, il indique qu’il a un mauvais pressentiment pour l’économie et qu’il a décidé de licencier 10% du personnel de Tesla. N’est-ce pas la preuve que les choses vont mal et iront encore plus mal demain ? Oui et non. L’agence d’informations Bloomberg a rappelé que c’est sa concurrente Reuters qui a annoncé ces licenciements de 10% du staff de Tesla avant d’être démentie par les faits. En réalité, comme toujours chez Musk, il tweete plus vite qu’il ne pense. Aussitôt cette information envoyée, Elon Musk a précisé dans deux autres tweets qu’il s’agissait uniquement des salariés de Tesla et non pas du personnel payé à la tâche avant de rétracter à nouveau et d’envoyer un autre tweet dans lequel il précise au final qu’il va même engager du personnel et que c’est uniquement la partie salariée qui va rester stable.
En fait, Elon Musk fait de la com’. Il a compris que Tesla a perdu 35% de sa valeur en Bourse depuis le début de l’année. Les investisseurs lui reprochent de se disperser notamment avec l’achat éventuel de Twitter. Elon Musk a bien compris le message et veut montrer qu’il est prêt à prendre des décisions fortes pour redresser Tesla. Mais ses carnets de commandes sont pleins et même si les coûts des matières premières ont augmenté, il le répercute auprès de ses clients : la preuve, il a augmenté de 7.000 euros en six mois le prix de la Model 3. En clair, Elon Musk dit qu’il a un mauvais sentiment, mais ses propres affaires ne vont pas si mal que ça. Musk est un maître de la com’. Sa com’ sur Twitter lui a permis d’économiser des milliards de dollars en publicité, mais depuis quelques semaines, sa communication se retourne contre lui.
Pour le reste, c’est vrai, les prévisions économiques sont importantes, il faut les écouter attentivement, mais ne pas oublier comme le disait l’économiste Galbraight, qu’elles ont aussi parfois pour fonction de rendre l’astrologie respectable !
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