Syndicats et employeurs au sein du Groupe des 10, qui se réunissaient mardi, se sont quittés sans accord quant à une augmentation du pouvoir d’achat. “Les fédérations patronales s’agrippent à une loi obsolète qui bloque les salaires pour les deux années à venir au minimum”, dénonce le front commun syndical dans un communiqué.
Selon la loi sur la norme salariale, qui date de 1996 et qui fixe l’augmentation maximale des salaires, la marge de négociations pour les années 2025 et 2026 est nulle.
FGTB, CSC et CGSLB déplorent que jusqu’à présent “les employeurs rejettent toutes les propositions d’augmentation des salaires, sous quelque forme que ce soit”. Ils pensent notamment à la possibilité de revalorisation des chèques-repas. L’accord de coalition stipule que les partenaires sociaux sont chargés d’augmenter la contribution maximale légalement autorisée pour les chèques-repas de deux fois 2 euros au cours de la prochaine législature.
Aucune initiative n’a été prise
“Alors que cette opération doit être réalisée dans les meilleurs délais, comme stipulé dans l’accord de gouvernement, aucune initiative n’a été prise à ce jour, les employeurs voulant la reporter… sans date précise”; dénoncent les organisations. “Nous attendons donc du gouvernement qu’il concrétise cette mesure dès 2025.”
“Une prime négociée au niveau sectoriel représenterait un compromis minimal, une bulle d’oxygène pour celles et ceux qui travaillent, de même que pour les ménages en difficulté. Mais les employeurs refusent également d’en discuter”, affirment encore les syndicats.
Les négociations en vue d’un accord interprofessionnel sont au point mort. Le ministre fédéral de l’Emploi, David Clarinval (MR), avait présenté mi-mai une proposition de médiation, demandant aux partenaires sociaux de se concerter à ce sujet avant le 7 juin.
Déception patronale
De son côté, Pieter Timmermans, directeur général de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), se dit “déçu” par l’attitude des syndicats. Ceux-ci “nient la réalité du terrain”, alors que nombreux secteurs sont sous pression et que le nombre de faillites ne cesse d’augmenter. Leurs propositions “détériorent la compétitivité des entreprises et vont à l’encontre de la loi sur la norme salariale”, souligne M. Timmermans.
La patate chaude revient donc dans les mains du ministre Clarinval. Le front commun syndical demande d’ores et déjà que le gouvernement augmente les chèques-repas cette année, bien que l’accord de gouvernement prévoie que les partenaires sociaux doivent parvenir à un accord à ce sujet. “Nous soutenons Conner Rousseau (président du parti Vooruit, ndlr) qui a déclaré que la mesure avait été obtenue grâce à Vooruit, et le Premier ministre Bart De Wever a également qualifié la mesure de ‘quick win'”, explique Bert Engelaar, secrétaire fédéral de la FGTB.
… et syndicale
Le président de la CGSLB, Gert Truyens, a fustigé dans un e-mail envoyé aux militants l’attitude des employeurs, qui “claquent la porte avant même que la discussion n’ait commencé”.
Mais, selon lui, le gouvernement lui-même complique la concertation. “Des ministres annoncent des projets dans la presse, sans concertation avec leurs partenaires de coalition – et encore moins avec les partenaires sociaux. Des initiatives sont lancées, des mesures sont – sans aucune nuance ni explication – présentées comme des faits accomplis et génèrent surtout une chose : l’incertitude ! Il n’y a pas de coordination, pas d’écoute, et surtout, pas de collaboration.”