Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Le grand retour de l’atome
Vous connaissez sans doute ce vieux proverbe chinois qui consiste à dire que lorsque le sage montre la lune du doigt, l’idiot regarde le doigt.
Que regarde l’idiot médiatique en ce moment ? Essentiellement, les propositions de l’Union européenne pour réduire nos factures énergétiques. C’est ce qui fait le buzz et le plus de bruit en ce moment. En revanche, le sage pour reprendre ma métaphore, ne se laissera pas prendre au piège du bruit ambiant et verra qu’au-delà de ces réponses ponctuelles pour enrayer la hausse des prix du gaz et de l’électricité, une bonne partie de l’Europe, mais aussi du monde, est en train de revenir vers l’atome, vers l’énergie nucléaire. C’est complètement dingue comme revirement de discours et d’attitude.
L’actualité, à force d’être en mode zapping, nous empêche de réfléchir et de prendre du recul. On a sans le savoir développé une mémoire de poisson rouge. Le temps de faire le tour du bocal quotidien de l’actualité, et hop, nous avons déjà oublié ce qui faisait la UNE des médias la veille. En ce qui me concerne, je n’ai pas encore besoin d’avoir recours au carbone 14, ma mémoire suffira. En janvier dernier, je me souviens très bien que la presse économique nous disait qu’en sortant de deux années de COVID, nous allions entrer dans les années folles, exactement comme après 1920. Des années de croissance forte et d’innovations technologiques extraordinaires. Au lieu de ça, on a eu droit au visage de Poutine tous les jours sur nos écrans de smartphones.
Même scénario pour l’énergie. Onze ans après la catastrophe de Fukushima, qui semblait signer l’arrêt de mort mondial de l’énergie atomique, c’est exactement le contraire qui se déroule sous nos yeux. Même l’Allemagne a fait volte-face alors qu’elle a des Ecolos dans son gouvernement. Des pays comme l’Allemagne et la Belgique ont décidé de prolonger temporairement leurs réacteurs ou envisagent de revenir sur leur décision de sortir du nucléaire. C’est aussi le cas de la Grande-Bretagne, de la France et de la Finlande. Au-delà de notre vieux continent, c’est aussi le cas des Etats-Unis et de Joe Biden qui milite pour l’énergie nucléaire. En Asie la Corée du Sud remet en question sa sortie du nucléaire et même le Japon – pourtant victime de Fukushima – s’interroge aussi sur le maintien de sa politique “zéro nucléaire”. Et je ne parle même pas de la Chine qui, elle, ne s’embarrasse pas de toutes ces questions, et va construire 18 nouveaux réacteurs nucléaires.
J’ai un ami qui me répète souvent que les lois, c’est comme les saucisses : il vaut mieux ne pas voir leur préparation. Pour ce retour à l’atome, j’ai envie de dire que certaines décisions sont prises sous le coup de la peur, et la peur, c’est bien connu est l’ennemie de la pensée.
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