La reconnaissance de l’Etat palestinien et les sanctions contre Israël restent une fracture béante entre partenaires de la majorité. Vooruit, CD&V et Engagés haussent le ton: il faut un signal fort! Un Conseil des ministres n’a pas encore pu déminer le sujet face aux réticences du MR et de la N-VA. Nouveau rendez-vous lundi. Et si la crise devenait plus profonde?
Maxime Prévot, vice-Premier ministre des Engagés, en charge des Affaires étrangères, avait prévenu: le gouvernement pourrait chuter s’il ne prend pas une attitude plus ferme face à Israël, accusé de mener un génocide à Gaza. Ou à tout le moins, d’autres dossiers pourraient être bloqués. Sur la table: une reconnaissance de l’État palestinien, comme la France de Macron a annoncé qu’elle allait le faire, et des sanctions contre Israël.
Un Conseil des ministres restreint sous haute tension a eu lieu ce mercredi. En vain, pour l’instant.
Pas (encore) de position commune
“La patience de Vooruit est à bout, a prévenu mercredi matin son vice-Premier ministre, Frank Vandenbroucke. Les violences, les crimes de guerre… cela doit cesser. Nous devons faire naître un autre futur, en compagnie d’autres États.”
Maxime Prévot espèrait, lui, que “le gouvernement pourra engranger des progrès“, pour “ne pas tout bloquer”. Une façon de mettre de l’eau dans son vin. La reconnaissance d’un État palestinien ne doit pas être sans conditions, a-t-il convenu, mais “nous devons être du bon côté de l’Histoire”.
A l’issue de cette première réunion, aucune position commune n’a pu être dégagée. Des groupes de travail vont se réunir avant un nouveau Conseil des ministres restreint, lundi.
Le risque d’une majorité alternative au parlement est réel, avec le PS et les écologistes prêts à soutenir Vooruit, le CD&V et les Engagés en vue d’une reconnaissance. Au sein des partenaires de l’Arizona favorables à la reconnaissance, on plaide pour un vote en liberté de conscience des parlementaires, comme c’est la coutume pour les débats éthiques.
Le Premier ministre, Bart De Wever, a prévenu: il n’en est pas question, ce serait une rupture de majorité.
Donc: oui, le gouvernement pourrait tomber sur Gaza. Même si les priorités belgo-belges semblent à ce point importantes, budgétaires et socioéconomiques, que cela pourrait sembler incongru. Et même si des voies pour un compromis semblent encore ouvertes.
Précédent et conditions
Incongru? Le gouvernement des Pays-Bas, qui était déjà démissionnaire pour des raisons migratoires, vient d’imploser sur la question des sanctions contre Israël. Tous les ministres du Nouveau Contrat social (NSC), le parti de centre-droit, ont quitté le gouvernement pour protester contre de telles sanctions.
Au sein du gouvernement flamand, cela tangue furieusement: Vooruit et CD&V menacent de faire voter une résolution au parlement.
Pour la N-VA et le MR, des conditions s’imposent avant toute reconnaissance d’un Etat palestinien.
Le MR en a rappelé la teneur ce mercredi matin. “Un: le désarmement complet du Hamas, qui est une organisation terroriste. Deux: le retrait du Hamas du pouvoir à Gaza, au profit d’une autorité légitime et pacifique. Trois: la libération immédiate et inconditionnelle des otages israéliens toujours détenus depuis l’attaque du 7 octobre. Quatre: la reconnaissance de l’État d’Israël par les pays arabes de la région. Cinq: la mise en place de garanties de sécurité vérifiables et mutuelles pour l’ensemble des civils israéliens et palestiniens.”
Cela passe ou cela casse? Sera-t-on dans une situation où MR et N-VA accuseront Vooruit, CD&V et Engagés de déloyauté? Ou inversement ?
Ce mercredi est un jour de vérité.