La crise semble totale au sein du gouvernement fédéral. Il semble de plus en plus plausible que le Premier ministre se rendra au Palais, où sa démission sera maintenue en suspens. Les libéraux francophones montrés du doigt. Une passe d’armes avec la N-VA est révélatrice. Mais l’agenda évolue avec un Conseil national de sécurité sur les drones.
Mais à quoi joue le président du MR, Georges-Louis Bouchez? Son intransigeance semble totale dans le cadre du budget fédéral. Pour trouver dix milliards d’efforts supplémentaires, il ne veut pas de taxes, mais de la croissance. En tout cas pas d’une hausse de la TVA, si minime soit-elle (on parle d’un taux supérieur de 21% à 22%).
La crise est totale au sein du gouvernement fédéral, alors que l’ultimatum fixé par Bart De Wever expire le 6 novembre. Ce mercredi auront lieu des réunions bilatérales pour déminer, encore, c’est dire la tension.
Il semble de plus en plus probable que le Premier ministre se rendra au Palais pour lui remettre sa démission. Le roi Philippe peut la garder en suspens en lui demandant d’essayer encore. C’est peut-être une phase de dramatisation.
La crise des drones en urgence
L’actualité renforce cette perception.
C’est d’autant plus plausible que la “crise des drones” impose la prudence: un Conseil national de sécurité est convoqué.
La demande émane… du MR, en la personne du minstre de l’Intérieur, Bernard Quintin: “La répétition des incidents liés aux drones affecte directement la sécurité de notre pays, dit-il. J’ai demandé au Premier ministre de convoquer le CNS dans les plus brefs délais. Nous devons agir de manière calme, sérieuse et coordonnée.”
Les survols de nos aéroports, mardi soir, augmentent l’inquiétude d’une menace ou d’une provocation soutenue: quarante vols ont été supprimés à Bruxelles National.
Le ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), a même dû être exfiltré d’une émission télévisée au nord du pays: quelle époque!
De quoi éviter le crash du gouvernement… pour l’instant.
La fermeté de Bouchez
Cela étant, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, est pointé du doigt… pour le blocage budgétaire, pas (encore) pour les drones. Dans la presse et en “off”, on le qualifie d’irresponsable ou on se demande à quelle “révolution thatchérienne” il aspire.
Depuis le début, le libéral s’est transformé en Monsieur No Tax: pas de hausse de la TVA, pas de taxe des millionnaires, pas de saut d’index… Même si le vice-Premier MR, David Clarinval, reconnaissait dans notre Trends Talk, ce week-end, qu’il pourrait y avoir “un neuvième” de taxes.
Par contre, le MR mise sur la création d’emplois (chômeurs exclus et malades de longue durée) et sur la réduction des dépenses.
Une passe d’armes avec la N-VA
La preuve? Alors que la présidente de la N-VA, Valérie Van Peel, demandait dans un post sur X que les présidents de partis se réveillent et songent à l’intérêt général, la réponse du libéral est tombée, cinglante.
“Il faut baisser la dépense publique et les impôts…, écrit GLB. Il ne faut pas être prix Nobel d’économie pour comprendre cela. Réformer, pas taxer!”. La phrase est accompagnée d’une citation de Philippe Aghion, le nouveau prix Nobel d’économie: “Trop d’impôt tue l’impôt!”.
“Le même économiste dit aussi: ‘Le coût d’un non-accord est beaucoup plus important que les sacrifices qui sont demandés‘, rétorque Valérie Van Peel. Passionnant économiste, en effet.”
Mais Bouchez n’en démord pas: “Et donc il faut faire des taxes car les politiques ne savent faire que ça ? Non.” Il s’en prend même au gouvernement flamand, dirigé par la N-VA, qu’il accuse de revenir à l’équilibre en utilisant de vieilles recettes. Ambiance.
Une double stratégie
La stratégie libérale semble être… celle d’un parti en campagne. Le mauvais baromètre de septembre explique-t-il cette nervosité?
D’une part, le MR est attaqué par le PS et le PTB sur le segment des classes populaires, précisément celles qui ont fait le succès libéral de juin 2024, en allant chercher des électeurs qui ne sont pas habitués à voter pour le parti. C’est la fameuse “droite populaire”.
D’autre part, le MR songe sérieusement… à présenter des listes en Flandre où il est perçu comme le seul véritable parti libéral, contrairement à l’Open VLD. De là à précipiter les choses?
En se comportant de la sorte, GLB joue avec le feu et se trouve sur le devant de la scène. Mais n’est-ce pas, au fond, ce qu’il préfère?
C’était avant que les drones ne s’en mêlent.
Ce qui est sur la table de l’Arizona pour parvenir à 10 milliards
– Faire grimper la TVA de 21 à 22% et un saut ou un report d’indexation, limité ou non aux fonctionnaires ou aux allocations (plusieurs milliards d’euros).
– La taxe sur les petits colis hors UE (2 milliards d’euros).
– Une réduction de la norme de croissance des soins de santé (500 millions d’euros).
– Augmentation de la taxe sur les compte-titres (300 millions d’euros).
– Réduction des dépenses (montant inconnus)
– Ventes d’actifs de l’Etat (potentiellement plusieurs milliards d’euros mais en one shot).
– Le MR vise une politique de croissance en diminuant la pression fiscale sur les entreprises (effets retours incertains).