L’apport des énergies renouvelables atteint des records en 2021 et 2022
“Un élan politique sans précédent vers l’accélération de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables”, déclare l’Agence internationale de l’énergie. Dans son rapport, l’AIE indique que les crises actuelles – et surtout celle en Ukraine – ont modifié les prévisions pour 2022 et 2023. Avec une hausse considérable du renouvelable, levier indispensable pour arrêter la dépendance aux énergies fossiles et à la Russie.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié ce mois de mai une mise à jour de son rapport sur l’état du marché des énergies renouvelables.
Cette mise à jour anticipe les capacités mondiales d’apport des énergies renouvelables et de biocarburants pour 2022 et 2023. Elle aborde également les principales incertitudes et les implications politiques qui pourraient affecter ces projections, à commencer évidemment par la guerre en Ukraine.
La Chine et l’Europe dans la tête de peloton
L’augmentation de la capacité de production d’électricité à partir de sources renouvelables a ainsi battu un nouveau record en 2021, avec une hausse de 6%, pour atteindre près de 295 GW (gigowatt). Et ce malgré les difficultés de la chaîne d’approvisionnement liées à la pandémie qui se poursuivent, avec notamment des retards de construction et des prix records des matières premières.
Ainsi, l’Agence internationale de l’énergie annonce que les coûts du solaire photovoltaïque et de l’éolien devraient rester plus élevés en 2022 et 2023 qu’avant la pandémie. Leur compétitivité s’améliore néanmoins en raison de l’augmentation beaucoup plus marquée des prix du gaz naturel et du charbon.
La capacité des énergies renouvelables devrait encore augmenter de plus de 8% en 2022, pour atteindre près de 320 GW. Une quantité qui permettrait presque de répondre à la totalité de la demande d’électricité de l’Allemagne ou d’égaler la production totale d’électricité de l’Union européenne à partir du gaz naturel. Le solaire photovoltaïque devrait représenter 60% de la croissance mondiale de l’énergie renouvelable en 2022, suivi par l’éolien et l’hydroélectricité.
Cependant, à moins que de nouvelles politiques ne soient mises en oeuvre rapidement, la croissance restera stable en 2023. À l’échelle mondiale, les apports prévus pour 2022 et 2023 ont été révisés à la hausse par rapport à décembre 2021, grâce à un fort soutien politique en Chine, dans l’Union européenne et en Amérique latine. Et ce malgré des prévisions à la baisse du côté des États-Unis, à cause de l’incertitude concernant les nouvelles mesures d’incitation en faveur de l’énergie éolienne et solaire, et les mesures commerciales prises à l’encontre des importations d’énergie solaire photovoltaïque en provenance de Chine et d’Asie du Sud-Est.
Enfin, concernant les biocarburants, la demande s’est redressée en 2021 après un creux pendant la pandémie, pour se rapprocher des niveaux de 2019. L’AIE prévoit une croissance annuelle de 5% en 2022 et de 3% en 2023, en baisse de 20% par rapport à la précédente estimation, due à l’augmentation des prix des matières premières et à la réaction politique de plusieurs pays. L’invasion de l’Ukraine par la Russie exerce également une pression à la hausse sur un environnement de prix déjà élevé pour les matières premières des biocarburants, en particulier les huiles végétales.
Alors que les incertitudes qui planent sur le marché augmentent les défis, un nouvel accent est mis sur la sécurité énergétique – en particulier dans l’Union européenne. Cela déclenche également un élan politique sans précédent vers l’accélération de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.
Le renouvelable au secours de la dépendance énergétique
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu un impact important sur les marchés de l’énergie et de l’agriculture, entraînant une crise énergétique mondiale inédite. Dans de nombreux pays, les gouvernements tentent actuellement de protéger les consommateurs face à cette hausse des prix de l’énergie, et notamment par la réduction de la dépendance à l’égard des importations russes. Pour cela, l’un des principaux leviers à leur disposition est l’accélération de la transition vers des technologies énergétiques propres.
L’agence internationale de l’énergie confirme que les énergies renouvelables ont un “grand potentiel pour réduire les prix et la dépendance aux combustibles fossiles” à court et long terme. Toutefois, la rapidité avec laquelle les énergies renouvelables peuvent remplacer les combustibles fossiles est sujette à plusieurs incertitudes et dépendra de nombreux facteurs. L’AIE se demande ainsi si “les sources d’électricité renouvelables [vont réussir à] défier cette crise énergétique mondiale et continuer à se développer rapidement malgré les nouveaux défis politiques et macroéconomiques ?“.
L’Union européenne ne semble pourtant pas avoir le temps de répondre à cette question. La crise énergétique mondiale actuelle a rendu encore plus urgente l’accélération de la transition vers des énergies propres. Pour l’électricité renouvelable, les politiques antérieures à la crise conduisent à une croissance plus rapide dans les prévisions actualisées de l’AIE. En particulier, l’énergie éolienne et l’énergie solaire photovoltaïque peuvent réduire la dépendance du secteur de l’électricité de l’Union européenne à l’égard du gaz naturel russe d’ici 2023.
Dans le même temps, il est trop tôt pour évaluer l’impact potentiel de ces prévisions pour 2022 et 2023 suite aux objectifs nouvellement annoncés avec l’invasion russe de l’Ukraine. Le rapport de l’AIE conclut que les prévisions relatives aux marchés des énergies renouvelables pour 2023 et au-delà dépendront de l’introduction et de la mise en oeuvre de politiques nouvelles et plus fortes au cours des six prochains mois.
Aurore Dessaigne
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