Le vice-Premier ministre MR revient de vacances avec un plaidoyer pédagogique pour justifier sa sortie sur “la pause environnementale”, fortement critiquée par les Engagés. “Aujourd’hui, soit vous êtes climatosceptique, soit un écologiste punitif, dit-il. Je ne suis ni l’un ni l’autre.” Les Engagés, eux, insistent sur l’importance du traité “plastique” qui doit responsabiliser l’industrie. Deux salles, deux ambiances.
Avant de partir en Provence, l’accord de l’été sous le bras, le vice-Premier ministre MR, David Clarinval, s’était fendu d’une déclaration à la presse qui avait fait rugir les Engagés. “Il faut mettre en pause une série de mesures climatiques et environnementales”. Objectif: sauver la compétitivité de nos entreprises.
“Je la mets même dans la pile des collectors à ressortir dans 10 ans quand les mêmes se plaindront que l’on a pas investi pour limiter l’impact du réchauffement climatique ou que l’on aura pas anticipé les grandes mutations stratégiques”, avait bondi Yvan Verougstraete, président des Engagés.
“Personne ici n’oppose écologie et économie, avait répliqué Corentin de Salle, directeur scientifique du Centre Jean Gol. Certainement pas au MR.” Toujours est-il que le propos, visiblement, a accompagné David Clarinval en Provence. De retour, il a estimé utile de “nuancer” le propos dans un entretien à La Libre. Avec cette précaution oratoire: “Aujourd’hui, soit vous êtes climatosceptique, soit un écologiste punitif. Je ne suis ni l’un ni l’autre.”
La pause: quelle pause?
“L’Europe est le fer de lance de la lutte contre le réchauffement climatique, argumente David Clarinval. On peut en être fiers. Mais ça n’empêche pas de se poser des questions sur l’excès de réglementations. Le fait de vouloir être plus catholique que le pape peut avoir conséquences négatives pour les entreprises. Il faut trouver un équilibre.” Le Parlement européen, la commission et le conseil européen se sont mis d’accord sur une directive qui s’appelle “stop the clock”, précise-t-il.
Concrètement? “La première mesure, c’est un allégement de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui oblige les grandes entreprises à faire du rapportage environnemental. On a constaté que les entreprises étaient contraintes d’engager des cabinets d’audit pour rédiger des rapports, ce qui coûtait très cher, ou qu’ils les rédigeaient en interne. Dans tous les cas, cela mobilisait des moyens financiers colossaux pour finir avec des palettes de papier que pas grande monde ne lisait… En pratique, ce qui a été décidé, c’est que les grandes entreprises de plus de 250 équivalents temps pleins (ETP) ne devront pas déposer de rapport ni en 2026, ni en 2027 (Ndlr : alors qu’ils auraient dû faire pour la première fois). Seules les entreprises de plus de 500 ETP resteront soumises à cette directive.”
Ou encore? “La deuxième directive mise sur pause, c’est la CSDD, qu’on appelle la due vigilance (devoir de vigilance). Cela permettait de responsabiliser les entreprises sur les impacts environnementaux et humains de leur chaîne de valeur. En pratique, la Belgique aura un an de plus pour transposer ce texte dans sa législation. Ce texte fait également l’objet du processus de simplification qui aboutira dans le courant de l’année 2025. Ces mesures de la commission (il cite également l’initiative Omnibus, qui vise une simplification administrative dans plusieurs domaines) montrent que l’Europe a compris le message.”
Plastique: l’heure de vérité
Yvan Verougstraete, président des Engagés et eurodéputé, continue pour sa part à taper sur le clou environnemental. Il évoque, ce 5 août, “l’heure de vérité” pour le plastique à Genève.
“La communauté internationale a rendez-vous avec l’Histoire, écrit-il sur X. Huit mois après l’échec de Busan, les négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique reprennent. Ce moment ne peut se solder ni par l’inaction, ni par des demi-mesures: la planète n’a plus le temps d’attendre!!!”
“Nous ne pouvons plus tolérer que des intérêts à court terme continuent de bloquer des décisions vitales pour l’avenir de notre planète, prolonge-t-il. Ce traité est une nécessité. Un impératif. Une urgence. Car pendant que certains tergiversent, la pollution plastique ravage les océans, empoisonne nos corps, dévaste les écosystèmes et étouffe les pays les plus vulnérables.”
Mot d’ordre? “Il faut réduire la production, interdire les plastiques les plus dangereux, responsabiliser les producteurs et instaurer un mécanisme financier ambitieux. Ce cap doit être tenu à Genève. Face aux blocages orchestrés par les pays producteurs de pétrole et aux ambiguïtés de certains grands acteurs, nous appelons l’Union européenne à tenir une position ferme, claire et ambitieuse.”
Conclusion: “La lâcheté politique n’est pas une option. Ce traité, c’est un mur entre nous et la catastrophe écologique. S’il cède sous la pression des lobbys, alors c’est nous tous qui en paierons le prix.”
Deux salles, deux ambiances.