La Fevia “surprise” par la communication de Dermagne sur le prix des produits alimentaires

PIERRE-YVES DERMAGNE “La perspective des sanctions a un impact limité sur le retour à l’emploi, toutes les études le montrent.” © BELGA IMAGE

La fédération de l’industrie alimentaire, Fevia, s’est dite “surprise” mercredi par la communication du ministre fédéral de l’Économie, Pierre-Yves Dermagne, au sujet des prix des produits alimentaires qu’il juge trop élevés. Alors qu’une baisse des prix est réclamée par le socialiste, elle regrette d’être “mise sous pression” et tient à rappeler la différence de contexte qui existe entre la Belgique et la France où un blocage des prix a été annoncé.

“Nous sommes tout d’abord étonnés” par la sortie médiatique du ministre “parce que nous n’avons été invités à discuter de la problématique que ce week-end seulement”, déclare à l’agence Belga le directeur de la communication de la Fevia, Nicholas Courant. “Ensuite, parce qu’il laisse entendre qu’il a demandé à ce que la chaîne de concertation dans le secteur soit activée rapidement alors que nous en sommes les instigateurs.

   La chaîne de concertation réunit tous les maillons de la chaîne agroalimentaire sur base volontaire. “C’est impossible de faire supporter une baisse des prix sur un seul maillon de cette chaîne”, justifie Nicholas Courant. Cette chaîne de concertation sera convoquée à la mi-juillet.

   Néanmoins, le représentant de la Fevia répète que “copier” la France “n’est pas faisable”. “Si la France applique un blocage des prix, il faut se souvenir qu’au plus fort de la crise énergétique, elle est venue en aide au secteur. Il n’y a rien eu de tout ça en Belgique. Pendant plus d’un an, nous avons subi une augmentation substantielle des frais. (…) Et nous ne sommes pas encore sortis de cette crise. Certains coûts n’ont pas pu être répercutés sur le prix à cause des contrats avec les supermarchés qui ont souvent refusé de renégocier. Des entreprises ont dû vendre à perte”, note-t-il.

Le gouvernement dispose d’un levier: les taxes 

   Il revient également sur la possibilité évoquée par Pierre-Yves Dermagne de publier la liste des grandes entreprises qui n’auraient pas voulu réduire les prix de détail alors que leurs coûts ont diminué: “Ce n’est pas constructif. De toute manière, comment compte-t-il s’y prendre? Où va-t-il trouver les données de toutes les sociétés de la chaîne alimentaire?

   Pour lui, le gouvernement a aussi un rôle à jouer dans la maîtrise des prix pour le consommateur. “Le gouvernement dispose d’un levier important: les taxes. Le taux des taxes est inférieur en France. De plus, nous avons un handicap salarial et concurrentiel par rapport aux pays voisins à cause de l’indexation salariale notamment. Aujourd’hui, les responsables politiques envisagent de faire passer la TVA de 6 à 9% pour certains produits. Nous disons que ce n’est pas une bonne idée. Il suffit de regarder le nombre d’achats transfrontaliers. C’est une perte pour nos entreprises et pour l’État. Tout cela rogne les marges consacrées à l’innovation et à l’emploi.”

   Des études sur les marges du secteur agroalimentaire et le niveau des prix en Belgique en comparaison avec ceux des pays voisins sont en cours.

   Jusqu’ici, aucune majorité politique ne s’est dégagée en faveur d’un blocage des prix en Belgique.

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