La descente aux enfers de Sarah Schlitz et ces verts qui exaspèrent
La secrétaire d’Etat Ecolo à l’Egalité des chances pourrait sauter après avoir confondu son poste et sa promotion personnelle, puis avoir menti au parlement. Cet incident est le révélateur d’un climat délétère.
La pression monte sur Sarah Schlitz (Ecolo), secrétaire d’Etat fédérale à l’Egalité des chances. Elle devient même étouffante et celle-ci risque fort d’être lâchée par ses partenaires de gouvernement : mercredi ou jeudi, le risque est grand de la voir démissionner de son poste.
Il faut dire qu’en terme de gestion de crise, on aura rarement fait pire… Si la N-VA ne lui passe rien depuis les bancs de l’opposition, l’écologiste et les siens donnent le bâton pour se faire battre.
Descente aux enfers et mensonges parlementaires
To make a long story short, voici la descente aux enfers de Sarah Schlitz en quelques épisodes.
Un. La N-VA dénonce, en début de semaine dernière, l’utilisation par la secrétaire d’Etat de son logo personnel dans des communications publiques. L’une d’entre elle concerne une exposition sur la persécution des homosexuels et lesbiennes durant la période nazie, présentée à la caserne Dossin à Malines. A la demande du N-VA Sander Loones, le sujet est à l’ordre du jour d’une commission parlementaire sur le contrôle des dépenses électorales.
C’est embarrassant, mais des communicants verts rappellent que Zuhal Demir (N-VA) a fait, elle aussi, usage de son logo personnel lors de communications publiques, par le passé.
Deux. Sarah Schlitz s’explique lors de ladite commission parlementaire, mardi 18 avril, s’excusant pour une « maladresse », mais en aucun cas, argumente-t-elle, il ne s’agit d’une stratégie délibérée, ni d’un instruction explicite. D’ailleurs, le logo a été retiré des communications contestées. Rideau ?
La N-VA persiste et demande son départ, mais la majorité serre les coudes. Ecolo la défend dans toutes les langues.
Trois. Au cours de la semaine qui suit, des révélations de la DH et du Nieuwsblad font tour à tour état : d’un guide appelant explicitement à utiliser le logo incriminé dans un appel à projets et d’un projet subsidié utilisant bel et bien le logo.
Cela devient fâcheux : la secrétaire d’Etat aurait menti délibérément au parlement, sur plusieurs points.
Une comparaison maladroite aux Nazis
En marge de cela, un autre incident enflamme les réseaux sociaux. Un membre du cabinet Schlitz poste un message critique : “l’extrême droite attaque, le patriarcat se délecte”. On y voit une photo du N-VA Sander Loones associé aux images de nazis provenant de l’exposition à la caserne Dossin. Texto : « L’hypocrisie de la NVA, l’extrême-droite flamande, qui s’acharne contre la secrétaire d’état à l’Egalité, suite à la visibilité de son logo sous un poster d’une expo qu’elle a financé à la caserne Dossin de Malines : “Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie”. Un sujet qui met en lumière le fascisme et ses héritiers. »
Maladroit, pour le moins, d’autant que la secrétaire d’Etat remercie pour ce soutien – avant que l’on n’affirme que le message a été posté par son cabinet, à sa place.
Sarah Schlitz, dans les cordes, publie un autre message pour s’excuser et reconnaître le travail d’opposition nécessaire de Sander Loones. « J’appelle à la sérénité et au respect du travail parlementaire. » Un peu tard: ce message est diffusé… deux jours après l’incident.
Des verts qui exaspèrent
En toile de fond de ce message, il y a une exaspération croissante, au sein de la majorité, à l’égard des écologistes, sur fond de précampagne électorale pour 2024.
Les libéraux, qui ne se privent pas de commenter le sujet, s’irritent des accents « wokistes » des communications écologistes – la N-VA attaque également ses accents depuis des semaines et son président, Bart De Wever, a publié un livre sur le sujet.
A gauche, ce sont davantage des rivalités sur le positionnement politique qui s’expriment. Non sans une certaine condescendance quand Ahmed Laaouej (PS) murmure : « Si, dans les jours qui viennent, il y a le moindre élément matériel qui confirme qu’elle n’a pas dit la vérité, elle devra alors en tirer les conséquences. » N’y sommes-nous pas ?
Certains dénoncent une attaque « sexiste » de la N-VA contre la secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances. Comme cela aurait été le cas contre Eva De Bleeker (Open VLD), secrétaire d’Etat au budget, contrainte de s’en aller après une « erreur » de calcul. Mais la N-VA – nuance… – intègre en son sein un autre féminisme, davantage laïc que « woke »…
En attendant, c’est surtout une gestion calamiteuse de l’incident qui risque de lui coûter son poste. Ainsi que le positionnement de certains écologistes sur les réseaux sociaux.
Le tout, teinté d’une chasse aux sorcières?
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