Un intérêt croissant se dessine parmi les sociétés technologiques belges pour l’industrie (en vogue) de La Défense. Mais cet appétit se heurte encore à des obstacles réglementaires, structurels et financiers qui freinent le passage à l’acte.
Sur 414 entreprises technologiques belges interrogées par Agoria et Agoria-BSDI au printemps 2025, près de la moitié (47,1 %) n’ont encore aucune activité dans le secteur de la défense… mais souhaitent s’y engager. Cela représente au moins 195 sociétés potentiellement prêtes à fournir innovations, composants, logiciels ou services aux forces armées. Un chiffre qui confirme l’émergence d’un intérêt stratégique, renforcé par le contexte géopolitique actuel et les besoins d’autonomie technologique de l’Europe.
Une ambition économique assumée
Ces entreprises intéressées sont majoritairement basées en Flandre (75,4 %), même si la Wallonie (28,2 %) et Bruxelles (10,8 %) montrent aussi un intérêt. La dynamique est donc nationale, même si elle s’ancre différemment selon les régions : PME innovantes côté flamand, poids historique du secteur en Wallonie.
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Un tiers des entreprises interrogées espèrent tirer au moins 10 % de leur chiffre d’affaires futur des activités de défense. Près de 10 % visent même 20 % ou plus à l’horizon 2030. L’enjeu n’est donc pas marginal. Ces sociétés envisagent des modèles à long terme, intégrés dans leur stratégie de développement.
Leurs ambitions s’orientent vers la production (72 %), la R&D (43 %), mais aussi l’intégration de systèmes complets (35 %) ou le soutien logistique (29 %). La quasi-totalité (96 %) se positionne sur des technologies à double usage civil et militaire. Cela correspond aux réalités du secteur, où les frontières entre innovations civiles et solutions militaires sont de plus en plus poreuses.
Du capteur à l’IA, un éventail technologique large
Le top 10 des produits et services envisagés va des matériaux pour la défense (36,9 %) à la cybersécurité, l’intelligence artificielle ou les capteurs (28,7 %), en passant par les plateformes de communication, les systèmes électroniques ou encore les services logistiques. Pour Agoria, cette diversité reflète la richesse du tissu technologique belge : IT, logiciels, production métallique, ingénierie, textiles techniques, etc. Un potentiel à valoriser dans les chaînes de valeur internationales, à condition de lever les freins actuels. Car plusieurs barrières ralentissent le développement de ces ambitions. Le manque de concertation avec les autorités publiques et militaires est le problème le plus souvent cité (62,6 %). De même que le financement qui reste un point de blocage pour 25,1 % des répondants. Enfin, les règles d’exportation, complexes et peu transparentes, freinent 19,5 % des entreprises. Or, les marchés étrangers sont essentiels dans ce secteur pour atteindre une taille critique.