La crise ukrainienne, nouveau risque d’inflation pour la BCE

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La Banque centrale européenne se réunit jeudi sous pression d’une inflation toujours très élevée et qui risque de s’envoler encore plus si le conflit russo-ukrainien devait déboucher sur une guerre dans les jours ou semaines à venir.

Sa principale mission consiste à limiter la hausse des prix en zone euro, qui a bondi à 5% l’an dernier, tirée par les prix d’énergie et l’impact des pénuries de produits et matières premières.

C’est plus de deux fois l’objectif d’inflation qu’elle s’est elle-même fixé de 2% maximum à moyen terme.

En outre, les dirigeants de l’institut monétaire se retrouvent à Francfort alors que La Réserve fédérale américaine vient, elle, de franchir le Rubicon en annonçant un prochain relèvement des taux directeurs.

Les chiffres de janvier, attendus mercredi, devraient certes montrer un fléchissement de cette tendance, mais pas autant qu’espéré.

Pas de hausse

Dans l’immédiat, de l’avis de la plupart des experts, les gardiens de l’euro devraient maintenir le statu quo.

Les économistes s’attendent jeudi au maintien des taux à leur plus bas niveau et pensent que les gardiens de l’euro s’abstiendront d’ouvrir la voie d’ores et déjà à un relèvement des taux directeurs, qui, par ricochet, ralentirait l’activité économique et donc le rythme de hausse des prix.

“Le principal défi de la BCE sera au niveau de la communication”, en “évitant tout passage apparent de la patience à la panique”, juge Carsten Brzeski, économiste de la banque ING.

L’institut devra à la fois “confirmer sa position plus ferme sur l’inflation” tout en tenant “à distance toute spéculation sur des hausses de taux prématurées”, argue-t-il.

La BCE ne veut pas refaire l’erreur historique de 2011. Elle avait relevé ses taux face à un rebond des prix de l’énergie, intensifiant ainsi la crise de la dette d’Etat en zone euro.

“L’inflation dans la zone euro est entraînée dans une large mesure par un manque d’offre et non par une demande excessive ou une économie en surchauffe”, explique à l’AFP Elga Bartsch, cheffe économiste à BlackRock.

En d’autres termes, tout resserrement monétaire “ne ferait pas grand-chose pour expédier plus rapidement des conteneurs d’Asie vers l’Europe ou pour réduire les prix de l’énergie”, abonde M. Brzeski.

Nuages

Il n’empêche: les risques d’emballement des prix sont réels pour la BCE.

En cas d’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, les prix de l’énergie reprendraient leur course folle vers le haut.

La Russie est en effet le principal fournisseur de gaz de l’Union européenne. Il passe pour partie via l’Ukraine et le nouveau gazoduc russo-germanique Nord Stream II pourrait ne jamais être mis en service en cas de conflit armé.

En parallèle, dans tous les pays européens, la grogne des salariés monte face au recul du pouvoir d’achat, un thème parvenu au coeur de la campagne présidentielle française.

De quoi contribuer à l’inflation “si les revendications salariales augmentaient et si l’évolution des salaires redevenait le principal facteur influençant l’inflation”, selon Edgar Walk, économiste de Metzler Asset Management.

En Allemagne, certains médias tirent à boulets rouges sur la BCE et sa présidente Christine Lagarde, affublée du sobriquet de “Madame Inflation”, qui “appauvrit les épargnants et les retraités”.

Les craintes sont différentes en Italie. Le pays redoute lui des “augmentations substantielles de taux avec des répercussions immédiates sur l’écart entre les taux d’emprunts allemands et ceux du trésor italien”, ce qui accentuerait la pression sur ce pays très endetté, selon le quotidien italien Il Sole 24 Ore.

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