La confiance mutuelle UE-Chine “a été sapée”

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déploré à Pékin que la "confiance mutuelle" UE-Chine ait été "sapée" et a pointé les "difficultés" pour les entreprises étrangères d'accéder au marché chinois.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déploré vendredi à Pékin que la “confiance mutuelle” UE-Chine ait été “sapée” et a pointé les “difficultés” pour les entreprises étrangères d’accéder au marché chinois.

L’Espagnol est arrivé jeudi en Chine pour défendre la stratégie européenne de “réduction des risques” avec Pékin, son principal partenaire commercial, ainsi que jeter les bases d’un sommet bilatéral cette année. “La confiance est au coeur de toute relation humaine et (…) la confiance mutuelle a été sapée”, a déclaré Josep Borrell lors d’un discours à la prestigieuse Université de Pékin. “Nous devons nous efforcer de rétablir cette confiance. Elle ne reviendra pas par miracle”, a-t-il ajouté.

Il a souligné que le déséquilibre commercial entre l’Union européenne (UE) et la Chine, qui est de 400 milliards d’euros, “n’est pas seulement quantitatif, mais aussi qualitatif”. “Il affecte des secteurs dans lesquels nous bénéficions d’un avantage comparatif (…) Nous pensons que le problème n’est pas dû à une simple différence de productivité”, a-t-il déclaré. “A mon avis, à notre avis, la cause est le résultat des difficultés persistantes rencontrées par les entreprises européennes lorsqu’elles veulent accéder au marché chinois”, a-t-il déclaré.

La visite de Josep Borrell, reportée à deux reprises cette année, doit durer jusqu’à samedi et permettre d’aborder des sujets comme les relations bilatérales, les questions internationales et le commerce. Elle a commencé jeudi à Shanghai par un “échange enthousiasmant” avec des entreprises européennes “sur les défis économiques et commerciaux”, avait indiqué M. Borrell sur le réseau social X (ex-Twitter).

Il doit rencontrer vendredi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi.

Ukraine et Israël

Selon l’Union européenne, cette visite de son haut représentant pour les Affaires étrangères – la dernière en date d’une série de dialogues de haut niveau avec Pékin – “devrait déboucher sur un sommet UE-Chine dans le courant de l’année”.

Les relations sino-européennes se sont tendues depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 car Pékin, qui appelle au respect de l’intégrité territoriale de tous les Etats, sous-entendu Ukraine comprise, n’a pas condamné Moscou. Bruxelles tente de concilier sa volonté d’être moins dépendant du géant asiatique, notamment sur le plan économique, tout en maintenant des liens solides avec la deuxième économie mondiale. “La Chine se félicite de la visite du haut représentant Borrell” qui “donnera un nouvel élan aux efforts conjoints des deux parties pour relever les défis mondiaux et maintenir la paix et la stabilité dans le monde”, a salué mercredi Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

La visite de Josep Borrell intervient quelques jours après l’éclatement de la guerre Israël-Hamas, au sujet de laquelle il a convoqué une réunion d’urgence des ministres européens des Affaires étrangères. Sur ce dossier, Pékin a appelé toutes les parties à “cesser le feu”.

“Effort considérable”

Le séjour de Josep Borrell devrait également être l’occasion d’aborder le dossier ukrainien. La position de Pékin, qui se présente comme partie neutre, a été critiquée par l’UE et Josep Borrell l’a encore jugée vendredi “difficile à comprendre”. “Nous ne demandons pas à la Chine d’adopter le même point de vue que l’Union européenne” sur la guerre, a-t-il souligné. “Mais nous considérons qu’il est essentiel que la Chine fasse un effort considérable pour convaincre le peuple ukrainien qu’elle n’est pas l’alliée de la Russie dans cette guerre.”

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que l’UE souhaitait une “réduction des risques” avec la Chine mais pas un “découplage” – ce dernier terme fait référence à une rupture plus marquée des relations. Venue en Chine en avril, elle a annoncé le mois dernier l’ouverture d’une enquête de l’UE sur les subventions chinoises aux constructeurs nationaux d’automobiles électriques.

La Chine a dénoncé l’initiative, y voyant “du protectionnisme pur et dur”.

Le géant asiatique mise depuis longtemps sur les motorisations électriques et a pris une longueur d’avance sur l’Europe dans ce domaine.

Début octobre, l’UE a par ailleurs dévoilé une liste de domaines stratégiques qui devront être mieux défendus face à des Etats jugés rivaux comme la Chine – notamment l’intelligence artificielle.

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