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La Bourse se protège d’une victoire de Marine Le Pen

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

La France n’est plus qu’à quelques jours du premier tour de la présidentielle, et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est la nervosité dans le camp d’Emmanuel Macron.

Alors qu’il y a quelques semaines encore, Emmanuel Macron trônait tout en haut des sondages et qu’on avait l’impression que la guerre en Ukraine et sa présidence de l’Union européenne lui avaient donné une forte avance sur ses concurrents, les derniers sondages montrent que l’écart se réduit de jour en jour entre lui et Marine Le Pen. Le mot d’ordre a été donné à tous les proches de Macron pour répéter dans tous les médias qu’une victoire de Marine Le Pen n’est plus impossible. Même les investisseurs boursiers le savent et en ont peur. La Bourse de Paris accuse d’ailleurs le coup.

On peut voir l’inquiétude des investisseurs à deux facteurs. Le premier, c’est le taux d’intérêt de référence de la France qui a bondi à son plus haut niveau depuis 2015. Même si les taux d’intérêt augmentent partout en Europe, ils remontent plus fortement en France, ils s’écartent même des taux allemands qui sont les taux de référence en zone euro. C’est en soi un mauvais signe, un signe de défiance envers la France. Les investisseurs ont peur d’une victoire de Marine Le Pen car comme ses promesses de dépenses sociales ne sont absolument pas financées, le danger réel, c’est de voir la France sortir de la zone euro.

Les actions souffrent également de l’éventualité de ce scénario. Les actions bancaires en premier lieu, mais aussi Vinci et Eiffage, deux grosses sociétés du BTP qui pourraient souffrir si Marine Le Pen met en oeuvre sa promesse de nationaliser les autoroutes françaises. En réalité, si les marchés financiers réagissent mal à la montée de Marine Le Pen dans les sondages, ce n’est pas parce qu’ils pensent qu’elle va gagner. Leur réaction négative n’est pas un pronostic, c’est plus un signe de prudence. Les investisseurs vendent des actions françaises pour se protéger d’un risque non maîtrisé comme on a pu le voir avec le Brexit ou l’élection non attendue de Donald Trump

La Bourse a parfois une mémoire de poisson rouge mais pas dans ce cas-ci. De son côté, Emmanuel Macron n’a pas envie qu’on lui dise que son bail est terminé et il va essayer de mobiliser la gauche à voter pour lui au second tour. Comment ? En parlant de Marine Le Pen et en l’associant à Zemmour. En les mettant dans le même sac, Macron espère susciter le rejet des forces de gauche et éviter qu’il ne soit victime de l’ambiance de “dégagisme” qui règne en France à son égard.

Quant aux électeurs de droite, Emmanuel Macron joue sur leur portefeuille, il rappelle aux électeurs de droite que le programme de Marine Le Pen va provoquer une forte inflation, que celle-ci va laminer les petits épargnants et détruire le pouvoir d’achat des retraités, sans compter que son programme aboutira à faire augmenter les impôts. Autrement dit, le camp d’Emmanuel Macron a sorti le bazooka médiatique et tente de convaincre les Français que “Marine Le Pen mène un beau combat depuis des années pour prouver que l’incompétence n’est pas réservée aux hommes”. Attendons donc de voir d’ici quelques jours ce qu’il en est et gardons à l’esprit ce magnifique proverbe Yiddish : l’homme fait des projets et Dieu rit !

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