Kern crucial pour la presse, et surtout les magazines, ce mercredi
Le gouvernement fédéral pourrait supprimer une aide destinée aux éditeurs de magazines, ce mercredi. La somme serait transférée aux éditeurs de journaux, leur donnant un avantage concurrentiel injuste, craignent les éditeurs de magazines.
Le conseil restreint des ministres (kern) du gouvernement fédéral se retrouve ce mercredi pour, entre autres, décider du sort d’une aide à la presse. Pour mémoire, celle-ci prévoit un crédit d’impôt de 50 millions d’euros par an, afin de réduire les coûts de distribution des journaux et magazines dans les zones peu peuplées (moins de 225 habitants/km2).
Mais cette aide ne semble pas assez élevée pour les éditeurs de journaux francophones. PS et Ecolo plaident pour revoir cette somme à la hausse. Injecter plus d’argent ne semble pas possible : le Premier ministre Alexander De Croo, narquois, a lui-même rappelé aux directeurs des médias qu’ils écrivent tout le temps que l’État dépense trop d’argent…
Distorsion de la concurrence
Pour le gouvernement, l’idée est donc toute faite : il suffit de déplacer des sommes dans l’enveloppe allouée. Ce lundi en kern, la proposition débattue était d’enlever la partie de l’aide destinée aux éditeurs de magazines et de la donner aux éditeurs de journaux. Ces derniers obtiendraient ainsi dix millions d’euros d’aides supplémentaires, alors que les premiers n’en recevraient plus aucune. L’idée a fait son chemin dans le kern, nous glisse-t-on.
Il propose aussi de revoir le critère de zone peu peuplée à la hausse : au lieu de 225 habitants au kilomètre carré, ce serait 325. Une plus grande part de la distribution de journaux serait donc couverte par l’aide.
Les éditeurs de magazines sont inquiets. Ils parlent notamment d’une distorsion de la concurrence, comme les éditeurs de journaux peuvent bénéficier d’une aide qu’eux n’ont pas… pour effectuer le même service. Ils soulignent que la distribution, qui n’a pas toujours lieu tôt le matin, ne coûte pas moins cher et que le prétendre (pour défendre la suppression de l’aide) est un faux argument.
“Si une telle injustice devait se produire, nous examinerions ce qui est juridiquement possible. Tout d’abord, il y a le principe d’égalité. Tous les acteurs du marché sont-ils traités de la même manière ? Nous pourrions saisir le Conseil d’État. Ensuite, nous nous interrogeons sur le droit de la concurrence. En tant que gouvernement, pouvez-vous commencer à favoriser une partie du marché par rapport à une autre, même si elles sont concurrentes ? Ne s’agit-il pas d’une distorsion de concurrence ? Enfin, il y a la question des aides d’État : est-il acceptable qu’une partie obtienne tout et que l’autre soit complètement exclue ?”, avertit Xavier Bouckaert, CEO de Roularta (éditeur de Trends-Tendances et du Vif, entre autres) et président de We Media, l’association qui représente les éditeurs de magazines belges.
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