Jean Hindriks (UCLouvain): “Sur les pensions ou le climat, les jeunes doivent prendre une partie du pouvoir”
Dans notre Trends Talk, le président de l’Economics School of Louvain met en avant le grave souci de la santé mentale des jeunes à qui on transfère bien trop de fardeaux (climat, pensions…). Il est temps de réagir!
Jean Hindriks, président de l’Economics Schhol of Louvain, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. Spécialiste des pensions, membre de la commission qui avait planché sur une réforme en 2014, il ne mâche pas ses mots au sujet du manque d’ambition de la réforme présentée par le gouvernement De Croo. “Ceci n’est pas une pipe, dessinait Magritte, et ceci n’est pas une réforme”, dit-il en brandissant une reproduction du tableau de l’artiste belge.
“Cela ne répond pas au défi du vieillissement et du financement des pensions, insiste-t-il. Le Comité d’étude du vieillissement vient de sortir son rapport avec une estimation du coût qui s’approche de 5% du PIB. Il faut savoir que c’est basé sur une croissance de le productivité, il suffit que cela baisse d’un demi-point de pourcent du PIB et on se retrouve avec une croissance de 50% du coût du vieillissement, c’est-à-dire que l’on passe de 5% à 7,5% du PIB. Vous comprenez que l’effort proposé ici est dérisoire par rapport à l’enjeu qui est vraiment considérable.Le vieillissement est un porblème structurel et on devrait avoir une réforme structurelle.”
C’est une montagne. Et de gouvernement en gouvernement, on se renvoie la patate chaude, souligne Jean Hindriks.
La tragédie des biens communs
“On se retrouve un peu dans une tragédie des biens communs, comme on le dit pour la surexploitation des ressources naturelles, souligne le professeur de l’UCLouvain. Notre sécruté sciale est une ressource globale qui est surexploitée et qui est aujourd’hui mise en péril. Il faut à tout prix essayer de la sauvegarder.”
Climat, guerre à nos portes, enjeu énergétique, démographie, migrations…. “Tout cela, ce sont des gros enjeux, appuie Jean Hindriks. Il faut les traiter sérieusement au-delà des petites querelles et de la rhétorique politique. Il y a un décalage de plus en plus difficile à accepter au sein de la population entre les querelles politiques et les enjeux réels auxquels les gens sont confrontés. Un enjeu dont on ne parle pas assez, c’est celui de la santé mentale. Chez les jeunes, c’est un gros problème.”
“La deuxième cause de mortalité chez les jeunes, c’est le suicide, prolonge Jean Hindriks. Ce sont des problèmes de santé mental, au départ, ou de mal-être, et ce n’est pas traité. Si je voulais être un petit peu sévère, je dirais que j’ai l’impression de vivre dans une société de solidarité vieilissante, qui se fait sans les jeunes et presque contre les jeunes. J’invite les jeunes à s’impliquer, maintenant, dans tous ces débats de société. L’histoire des pensions, cela les concerne.Le climat, cela les concerne et ils s’engagent, j’en suis ravi. Mais sur ces dossiers politiques, il faut qu’ils reprennent une partie du pouvoir.”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici