ING Belgique rattrapée par l’affaire Reynders: un coup de tonnerre dans un dossier d’influences

Didier Reynders
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La justice a ouvert une enquête pour “trafic d’influence” à l’encontre de la banque belge. Des auditions sont en cours et des hauts responsables visés. L’ancien ministre des Finances a-t-il profité de sa fonction pour faire pression et générer des décisions qui lui étaient favorables?

C’est un coup de tonnerre dans le ciel de la rentrée politique et financière belge. ING Belgique, révèle Le Soir ce mercredi matin, est dans le collimateur de la justice pour “trafic d’influence” dans l’affaire Reynders.

L’ancien vice-Premier ministre MR, longtemps à la tête du département des Finances, est accusé de blanchiment d’argent, notamment via l’achat compulsif de billets de loterie. Il aurait aussi déposé sur son compte à vue ING, de 2008 à 2018, près de 700.000 euros d’argent liquide.

Didier Reynders nie en bloc. Il justifie ces mouvements par une addiction aux jeux et, en ce qui concerne les montants déposés, par des reventes d’oeuvres d’art. Des perquisitions ont d’ailleurs eu lieu récemment chez un antiquaire du Sablon et auprès de son ancien bras droit, Jean-Claude Fontinoy.

Mais l’affaire, désormais, touche par ricochet ING Belgique.

La banque l’aurait protégé

Selon Le Soir, sa banque est soupçonnée d’avoir fermé les yeux sur les dépôts en liquide suspects de son illustre client. Ou du moins, d’avoir failli à dénoncer les faits en temps et en heure. Voire, d’avoir couvert les agissements douteux de l’ex-président du MR, qui aurait pu avoir usé de son influence au sein de la banque.

D’où une enquête du parquet de Bruxelles pour des faits potentiels de “trafic d’influence”.

Une quinzaine de responsables de la banque défilent depuis le mois de juillet dans les bureaux de l’Office central pour la répression de la corruption (OCRC) pour répondre de ces soupçons. D’après ces révélations, l’ancien et l’actuel CEO d’ING Belgique, Erik van den Heyden et Peter Adams, ont reçu une convocation pour être entendus dans le cadre de ce dossier. 

C’est peu dire qu’ING Belgique est embarrassée par ces informations, affirmant qu’elle ne peut s’exprimer sur ce dossier en particulier. Elle se contente de rappeler qu’elle joue “pleinement son rôle de gardien du système financier et respecte toutes les obligations légales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent”.

Jusqu’où cela peut-il aller?

La question est évidemment de savoir si Didier Reynders aurait, dans ce cas, exercé des pressions sur la banque ou lui aurait accordé des faveurs afin qu’elle ferme les yeux.

Le soupçon est désormais plus large. “Reynders protégé par sa banque? Quelle surprise!, s’exclame par exemple Jean-François Tamellini, secrétaire général de la FGTB wallonne. Par contre, personne ne fait de lien entre les suspicions de blanchiment d’argent à titre personnel et le fait que le même Reynders soit à la base des fameuses DLU permettant aux fraudeurs fiscaux belges de blanchir leurs avoirs planqués à l’étranger?”

Autrement dit, la situation personnelle de l’ancien membre du MR aurait-elle pesé sur des décisions politiques?

Ce dossier miné, on le voit, pourrait être loin d’avoir dévoilé toutes ses dimensions.

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