Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Huit milliards d’êtres humains surveillés par un chien ?
C’était le chiffre de la semaine : nous sommes désormais 8 milliards d’êtres humains sur cette magnifique planète. Les médias nous l’ont répété en boucle, depuis mardi dernier, même si, c’est vrai, cette date est purement symbolique.
Aucun démographe ne pourra exactement vous dire quand a été atteint ce pic de la population mondiale, était-ce mardi, comme on nous l’a dit, ou la veille ou même l’an dernier? Personne ne peut le confirmer, mais peu importe, ce chiffre de 8 milliards d’habitants au lieu de nous angoisser devrait nous réjouir. Il montre que nous sommes arrivés à ce chiffre par les progrès de la médecine et de la science. Avant, le taux de fécondité était en moyenne de 6 enfants par femme, mais, cette très forte fécondité été largement compensée par les morts naturelles, les famines récurrentes et par les épidémies.
C’est pourquoi Barack Obama avait raison de répondre à quelqu’un qui lui demandait si c’était mieux avant. Barack Obama avait répondu : “ceux qui répondent oui à cette question doivent me dire où et quand c’était mieux avant”. Difficile de répondre mieux.
Reste à savoir l’impact de la démographie sur nos économies. Premier constat, non seulement, nous sommes plus nombreux sur cette terre, mais nous vivons plus longtemps grâce aux progrès de la médecine, mais aussi par l’amélioration de notre alimentation et aussi parce que les conditions sanitaires se sont fortement améliorées et pas qu’en Occident. Mais le vrai pic de la population se situera, sans doute, autour des 10 milliards d’habitants en 2080 et ensuite, le scénario le plus probable, c’est que la population commencera à décroitre et à vieillir.
Donc, la question, c’est à quoi ressemblera notre économie avec de moins en moins d’enfants, surtout en Europe, mais avec plus de centenaires. La première hypothèse, c’est celle du Japon. Ce pays est précurseur de ce qui pourrait nous arriver d’ici quelques décennies, c’est-à-dire une croissance zéro et une déflation permanente. Pour la simple raison qu’un pays de personnes âgées croit moins vite qu’un pays peuplé de jeunes, et donc la bascule se fera de la consommation vers l’épargne. Bascule d’autant plus nécessaire, qu’il faudra bien entendu financer la retraite des seniors. L’autre hypothèse, c’est qu’au contraire, une population en déclin et vieillissante va nourrir fortement l’inflation. Pour la bonne raison que les actifs en âge de travailler seront moins nombreux et que donc les salaires devront être nettement plus élevés. Mais même cette hypothèse-là est contestée par certains commentateurs qui estiment que même si c’est vrai qu’il y aura moins d’actifs, cela n’aura aucune importance, car à cause ou grâce, je ne sais pas ce qu’il faut dire, à la digitalisation et la technologie, il y aura aussi moins d’emplois. Et certains ajoutent même que les seuls emplois qui continueront de croître sont les jobs de proximité, les jobs “low cost” autrement dit.
Cela me fait penser à la phrase de Warren Bennis, un spécialiste du management aux États-Unis, qui disait : “l’usine du futur aura seulement deux employés. Un homme et un chien. L’homme aura pour tâche de nourrir le chien. Et le chien sera là pour empêcher l’homme de saboter la machine”. Les plus optimistes d’entre nous se diront que ce n’est pas grave qu’il y ait moins d’emplois dans le futur, car comme le disait Tristan Bernard, “l’homme n’est pas fait pour travailler, la preuve, c’est que ça le fatigue”.
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