Gouvernement bruxellois : les négociations au point mort ?
Les négociateurs francophones bruxellois, Ahmed Laaouej (PS), Christophe de Beukelaer (les Engagés) et David Leisterh (MR) ont “délibérément et volontairement miné les négociations pour la formation d’un gouvernement à Bruxelles” avec leur communiqué de presse commun, s’est indignée dimanche soir Elke Van den Brandt (Groen), qui tente de former une coalition du côté néerlandophone.
Les trois partis francophones engagés dans la formation d’un gouvernement à Bruxelles se sont accordés pour retarder le renforcement des normes d’émissions de la Zone basses émissions (LEZ) de la capitale jusqu’à début 2027. Une décision prise “en dépit des défis majeurs auxquels Bruxelles est confrontée, comme le budget, l’habitabilité et la mobilité”, a ajouté Mme Van den Brandt.
Rupture de confiance
Cette dernière a également déploré la méthode employée par les trois partis francophones. “La Zone basses émissions est un sujet très sensible qui doit être discuté à la table des négociations (…). Sceller des accords en coulisses” est un “signal clair que le PS, le MR et Les Engagées comptent travailler sans les partis néerlandophones”, a-t-elle regretté.
“Vouloir faire passer ses décisions de manière unilatérale, sans concertation, sape la confiance nécessaire à la négociation d’un accord de coalition. Ce modus operandi est un total manque de respect pour les partenaires néerlandophones(…). C’est irresponsable. Nous regrettons cette attitude”, a déclaré Nadia Naji, coprésidente de Groen.
“C’est une rupture de confiance. Pour gouverner Bruxelles, il faut une majorité du côté néerlandophone”, a encore rappelé Elke Van den Brandt. “Groen a convaincu lors les élections bruxelloises avec un programme en faveur d’une ville pensée pour ses habitants. Depuis le 9 juin, nous avons essayé de trouver des solutions de manière constructive dans un contexte politique complexe. C’est maintenant à M. Leisterh de montrer si c’est ainsi qu’il compte gouverner Bruxelles. Les Bruxellois méritent un gouvernement qui travaille à l’unisson.”
LEZ et primes
Les négociateurs francophones bruxellois, Ahmed Laaouej (PS), Christophe de Beukelaer (les Engagés) et David Leisterh (MR) se sont accordés sur deux dossiers jugés urgents, à savoir le sort des primes Renolution et l’entrée en vigueur de la prochaine phase de la zone de basses émissions (LEZ), a annoncé dimanche le formateur, David Leisterh.
Selon David Leisterh, les négociateurs francophones souhaitent que toutes les demandes de primes pour les travaux dont la facture de solde est acquittée d’ici au 31 décembre prochain puissent faire l’objet de dossiers éligibles aux mêmes conditions qu’avant la suspension, introduits et traités dans le courant de l’année 2025. C’est conforme à la réglementation en vigueur qui prévoit que le dossier peut être introduit dans les douze mois de la réalisation des travaux. “Le futur gouvernement précisera les modalités de cette évolution le plus rapidement possible et de telle manière que les Bruxellois(es) soient aujourd’hui encouragés à entamer et à poursuivre leurs travaux de rénovation sereinement”, a-t-il précisé, dans un communiqué commun des négociateurs francophones bruxellois.
En ce qui concerne le renforcement de la zone basse émission en Région bruxelloise, les trois partis francophones impliqués dans les négociations déposeront à l’occasion de la prochaine rentrée parlementaire, une proposition d’ordonnance visant à reporter de deux ans l’application de la prochaine phase. Celle-ci devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2027. Objectif, soutenir la population bruxelloise dans la transition vers une meilleure qualité de l’air, qui a commencé à s’améliorer sensiblement, “avec une attention particulière pour les plus fragiles (PMR, personnes âgées) et les travailleurs qui utilisent leur véhicule comme outil de travail (prestataires de soins à domicile, entrepreneurs, etc.)”.
Selon les négociateurs francophones, de nombreux ménages ou entrepreneurs rencontrent des difficultés financières à assurer le rythme pré-établi de cette transition. Il convient dès lors d’accompagner la mise en oeuvre des prochaines phases en adaptant le rythme. “Le 1er janvier 2025, c’est demain. Nous voulons envoyer un signal fort et démontrer que les institutions fonctionnent et peuvent répondre aux attentes urgentes des Bruxelloises et des Bruxellois. Pour les personnes concernées qui disposent d’un véhicule EURO 5 et qui n’avaient pas les moyens de pouvoir le renouveler, nous leur permettons de l’utiliser pendant deux ans supplémentaires et ainsi de s’adapter à la prochaine phase à un rythme réaliste. Nous maintenons la forte ambition de la LEZ pour la santé des Bruxellois(es) mais avec une approche pragmatique qui permet d’inclure tout le monde. Nous mettrons le contrôle transparent et l’objectif de la qualité de l’air au cœur de notre politique environnementale afin d’en poursuivre l’amélioration” ont indiqué les trois ches de file du MR, du PS et des Engagés.
Depuis le début du mois de juillet, des discussions approfondies sont en cours entre le Mouvement Réformateur, le Parti socialiste et les Engagés pour tenter de former une nouvelle majorité à la Région bruxelloise. Depuis le 1er août, ces trois partis sont entrés formellement en négociation. Ce n’est pas encore le cas du côté néerlandophone. La formatrice Groen, Elke Van Den Brandt a jusqu’il y a peu tenté de convaincre Vooruit, l’Open Vld et le CD&V de s’accorder pour constituer une majorité dans le groupe linguistique néerlandophone. Mais ce dernier ne se montre pas enclin à entrer dans la danse. Vendredi, la cheffe de file des Verts néerlandophones a insisté pour que tous les Bruxellois qui ont droit à une prime à la rénovation Renolution la perçoivent de manière effective. Le versement de cette prime a été mis en suspens car la part du budget 2024 qui y est consacrée est épuisée.
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