Formations des gouvernements: les socialistes résistent et font monter les enchères
Le PS a choisi l’opposition, mais conserve une clé importante à Bruxelles. Conner Rousseau (Vooruit) laisse entendre qu’il y a “peu de chances” que son parti participe au fédéral. Voilà les premiers noeuds pour les (in)formateurs. Une façon de résister à l’austérité. Et de forcer une participation plus large?
Les socialistes font de la résistance. Alors que les formations de gouvernement pourraient aller vite à tous les niveaux de pouvoir, le PS et Vooruit comptent bien utiliser leur potentiel caractère indispensable pour faire monter les enchères.
C’est le cas en Région bruxelloise. David Leisterh, chef de file d’un MR devenu premier parti, aura fort à faire pour composer une majorité francophone, si le PS venait à rester dans l’opposition. Or, c’est le mot d’ordre lancé par le bureau sur recommandation du président Paul Magnette. Sans lui, le libéral devrait convaincre deux perdants aux côtés des Engagés, Ecolo et DéFi. Autant dire que ce sera ardu.
Au fédéral aussi, Vooruit freine les enthousiasmes. La voie semblait tracée pour une coalition Arizon ou “miroir” avec les mêmes parti qu’en Flandre et en Wallonie: N-VA, Vooruit, CD&V, MR, Engagés. Mais Conner Rousseau, qui pourrait revenir à la tête de Vooruit, a douché les espoirs de conclusion rapide en affirmant “les chances sont minces que Vooruit participe” à une une telle coalition fédérale.
Contre l’austérité, pour la diversité
“Nous ne nous contenterons pas d’adhérer à une logique d’austérité dont le Flamand ordinaire qui travaille fait les frais, a justifié Conner Rousseau. S’ils veulent que nous participions au niveau fédéral, il doit y avoir des ouvertures pour une politique différente. Si l’on nous donne une chance de faire la différence, nous participerons.” La porte n’est donc pas fermée. Mais Bart De Wever, devenu informateur royal, entame sa mission en demandant un état des lieux des finances publiques belges: c’est dire combien la négociation à ce sujet risque d’être compliquée.
En Région bruxelloise, la fédération présidée par Ahmed Laaouej pourrait décider finalement de rompre le mot d’ordre de Paul Magnette. Mais il faudra de la brosse à reluire. “A Bruxelles, on sort gagnant, donc il faudra compter avec les socialistes, adéclaré Ahmed Laaouej. Ceux qui rêvent d’austérité devront compter avec le PS.” Il a également insisté sur une politique de diversité, rejettant vivement les accusation de “communatarisme” du MR.
Convaincre les socialistes risque d’être un enjeu périlleux avant les élections communales d’octobre, où ce parti fortement ancré localement jouera gros, notamment face au PTB et aux Engagés. L’objectif consiste peut-être, aussi, à forcer une montée dans les autres majorités, dont la wallonne, craint-on au sein du LR et des Engagés.
Jérémie Tojerow, militant PS et ancien membre d’un cabinet socialiste, ironise sur X: “Des éditorialistes, quand le PS est au pouvoir : ‘Il faut du changement, le PS prend nos régions en otage’. Des éditorialistes quand le PS choisit l’opposition : ‘dans l’opposition, le PS prend nos régions en otage!‘”.
La résistance socialiste à l’euphorie libérale est en marche.
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