Vingt ans pour construire un stade
La presse flamande en a beaucoup parlé… Quelle que soit l’issue de la procédure en cours, le FC Bruges devra, dans le meilleur des cas, évoluer trois années encore dans un stade usé jusqu’à la corde.
En 1973, Bruges décide de construire un stade pour ses deux équipes fanions: le Club (après l’Antwerp et le Daring aujourd’hui disparu, troisième plus ancien club de football du pays) et le Cercle, premier club flamand à remporter un championnat de Belgique. Les Jeux de Munich étant encore présents dans toutes les mémoires, il sera baptisé Olympiastadion.
Vers le tournant du siècle, le stade, agrandi et modernisé, est rebaptisé Jan Breydel en souvenir du héros – au rôle aujourd’hui très contesté – de la bataille des Eperons d’Or. En 2007, le Club souhaite quitter des installations jugées trop anciennes, dont la municipalité envisage au demeurant la démolition. Le début d’un long calvaire. Plusieurs sites sont proposés mais récusés. Le Club et le Cercle voulant chacun leur propre stade, rien n’est simple. De guerre lasse, le Club accepte de revenir sur le site de l’Olympiapark et d’y construire un nouveau stade de 40.000 places aux côtés de l’ancien qui sera détruit.
Nouveaux plans, nouvelles demandes auxquelles le gouvernement flamand donne enfin, en octobre 2021, le feu vert. Mais il y a de la résistance. Pas vraiment convaincus par les chiffres sur lesquels est basée l’étude de mobilité qui accompagne la demande, 16 riverains mandatent un expert qui en avance d’autres. Ainsi armés, ils saisissent le Conseil flamand des litiges (Raad voor vergunningsbetwistingen) qui, en février dernier, leur donne raison.
2,2 supporters par voiture
Les chiffres avancés par le Club étaient en effet tirés d’une simple enquête menée en 2015 auprès de supporters et non d’une étude scientifique. D’où de sérieuses divergences, tant au niveau du nombre de supporters venant en voiture (64% selon le Club, 82 à 83% selon les intervenants) que du taux d’occupation de ces véhicules (2,7 selon le Club, 2,2 selon les contestataires).
L’autre critique portait sur le plan de parkings associés au projet. Ce dernier écueil venant d’être contourné par un vote unanime du conseil communal, le Club s’apprête à introduire une nouvelle demande de permis qui, pour prévenir toute discussion accepte le taux d’occupation moyen de 2,2 supporters par voiture, mais se base sur des données de 2020 et, entre-temps, les modes de déplacement ont tellement changé que le Club se montre confiant. Certains contestataires affirmant vouloir maintenir leur opposition, un nouveau recours est prévisible – une seule personne, en effet, suffit. Dans ce cas, il ne faudra pas, sauf miracle, attendre de décision avant 2025. La Commission des litiges a en effet eu besoin de 19 mois pour statuer sur le précédent recours!
Persuadé de l’emporter cette fois, le Club table sur une mise en chantier en 2025 de manière à pouvoir entamer la saison 2026-2027 dans un stade flambant neuf. Entre-temps, la ville, propriétaire des lieux, continuera à investir – 375.000 euros ont été engagés au cours de l’été – afin de garantir la sécurité des lieux et surtout, d’éviter un feu rouge de la part de l’UEFA qui obligerait les Blauw en Zwart à jouer leurs rencontres européennes, par exemple, à Lille.
Guillaume Capron
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