Van Langenhove, Van Hool (et Elon Musk): la campagne électorale flamande s’emballe

Dries Van Langenhove, condamné lourdement, va en appel. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Il est écrit que le scrutin du 9 juin prochain se jouera surtout en Flandre. Avec la radicalisation du paysage politique et la désindustrialisation pour enjeux. Vlaams Belang et PvdA renverseront-ils la table?

A priori, ce sont deux événements qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre: la condamnation de l’ancien député Vlaams Belang, Dries Van Langenhove, et la menace de faillite chez Van Hool, le constructeur de bus menaçant de délocaliser ses activités en Macédoine du Nord, avec 1100 supressions d’emplois à la clé. Rien à voir, sauf que ces deux secousses viennent consécutivement ébranler la Flandre en pleine campagne électorale. Et risquent de jouer un rôle décisif pour le scrutin du 9 juin prochain.

Deux phénomènes sont en effet susceptibles de se renforcer, à l’aune de ces actualités: la désindustrialisation menant au déclassement des travailleurs et la polarisation d’un paysage politique en plein bouleversement, avec le Vlaams Belang donné premier parti et le PvdA (PTB flamand) en forte hausse. Le risque est grand de voir la révolution annoncée se renforcer, contrairement à ce que d’aucuns prédisent ou espèrent.

Van Langenhove: un effet contraire?

La condamnation de l’ancien député Vlaams Belang Dries Van Langenhove, ce mardi, fait l’effet d’une nouvelle bombe au nord du pays. Accusé en justice dans l’affaire Schild & Vriend, Van Langenhove est lourdement condamné par le tribunal correctionnel de Gand: il écope d’un an de prison ferme pour infraction à la loi sur le racisme et le négationnisme, mais aussi de dix mois de détention avec sursis pour violation de la loi sur la détention d’armes, le tout avec une interdiction d’exercer ses droits civils pendant dix ans, sans oublier une amende de 16.000 euros d’amende.

L’ancien député, qui avait précisément démissionné du parlement pour se défendre en ajoutant qu’il ferait de la politique “autrement”, a annoncé qu’il irait en appel. Pour rappel, l’affaire Schild & Vriend est liée à une organisation clandestine créée par l’ancien étudiant de l’université de Gand, échangeant des messages à caractère raciste et antisémite sur des réseaux sociaux cryptés et organisant des camps d’entraînement paramilitaires.

Les organisations de la société civile antiraciste, en Flandre, crient victoire. Pour Nina Henkens, coordinatrice de la plateforme antiraciste Kif Kif vzw, “il s’agit d’une victoire historique qui aura des conséquences majeures pour le Vlaams Belang et les prochaines élections”.

Vraiment? Le Vlaams Belang est dans une forte dynamique, le créditant de près de 30% dans les derniers sondages. Son président, Tom Van Grieken, mise sur un positionnement antisystème et dénonce d’ores et déjà un “procès politique” et une “justice pourrie”. Pas sûr que cette “grande victoire” s’accompagne d’un tassement électoral de l’extrême droite. Avez-vous perçu l’impact des menaces de condamnations en justice sur la campagne de Trump aux Etats-Unis? Il les utilisent comme une tribune.

Même Elon Musk a commenté la condamnation de Dries Van Langenhove sur X (ex-Twitter). Au post d’une juriste et commentatrice néerlandaise évoquant l’information, le patron américain a exprimé son étonnement teinté de dépit: “Whoa!”. La liberté d’expression, brisant les barrières des extrêmes, est souvent au menu de ses commentaires sur les réseaux sociaux. Voici la Flandre sur sa carte.

Le séisme Van Hool

Cette condamnation, qui sera source d’affrontements verbaux sur le système et les limites de la liberté d’expression, survient au lendemain d’un autre événement qui ébranle la confiance de la Flandre et risque de coûter cher aux partis au pouvoir. La suppression annoncée de 1100 travailleurs chez Van Hool et le risque de faillite ont mis les syndicats dans la rue. Et provoqué bien des grincements de dents dans les cafés des villages flamands.

Le Vlaams Belang pourrait en profiter: pensez, c’est le départ d’un fleuron régional dans les Balkans, alors que le gouvernement régional dominé par la N-VA a commandé des bus… en Chine. Mais en embuscade, le PvdA (PTB en Flandre) devrait aussi en tirer profit, lui qui progressait également dans les derniers sondages autour des 10%. Bref, la polarisation, sur fond de grand déclassement, a de beaux jours devant elle, au nord du pays comme dans toute l’Europe.

Ces dernières semaines, en Flandre, on commentait les sondages en évaluant déjà la possibilité – désormais possible sur le plan arithmétique – d’avoir une majorité V (pour “Vlaams”) au lendemain du 9 juin, associant Vlaams Belang et N-VA. Ce début de semaine tonitruant risque de renforcer cette volonté de changer de cap, d’autant qu’il n’y aurait plus rien à perdre…

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