Un demi-siècle d’attente pour une liaison routière entre le nord et le sud du Limbourg

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Réclamée depuis les années 1970, une liaison fluide entre le nord et le sud du Limbourg deviendra enfin réalité avec notamment le creusement de deux tunnels, les plus longs de Flandre.

À Houthalen-Helchteren, la démolition d’une maison – la première d’une série de 150 constructions parmi lesquelles quelques entreprises – a commencé avec une attention toute particulière portée à l’économie circulaire. Tout ce qui est récupérable y a été au préalable inventorié et sera réutilisé. Une manière comme une autre de montrer combien l’environnement a pesé sur un projet estimé depuis longtemps nécessaire, mais paralysé par cinq décennies d’oppositions et de recours.

Tout est parti de complaintes d’élus du nord de la province désireux d’attirer des investisseurs dans les parcs industriels de leurs communes. Mais comment y parvenir sans liaisons routières convenables ? Convaincu par leurs arguments, Jos De Saeger, alors ministre des Travaux publics, confie en 1971 à une intercommunale baptisée E39 la réalisation d’une voie rapide qui doit remonter de Hasselt vers le nord. Dès les premiers projets de tracés, la révolte gronde. “Touche pas à ma terre”, s’insurgent les agriculteurs, immédiatement rejoints par les Écologistes pour qui l’avènement de l’A24 – tel est le nom de la voie projetée – marque “la fin du Limbourg”. Pour les syndicats, eux aussi mobilisés, “l’A24 apportera des emplois”.

Querelles et recours s’enchaînent. Plus rien ne bouge, y compris le trafic.

1,4 milliard d’euros

Car en effet, l’ancienne voie commerciale voulue dès le 18e siècle, de Hasselt jusqu’aux Pays-Bas par les princes-évêques de Liège – une partie du Limbourg actuel était alors terre principautaire – n’en peut plus. À Helchteren et Houthalen, l’asphyxie routière est quasi permanente et entrave la reconversion d’une province gravement sinistrée depuis le départ en 2016 de Ford Genk.

À Helchteren et Houthalen, l’asphyxie routière est quasi permanente et entrave la reconversion d’une province gravement sinistrée.

Rattrapé par la réalité quotidienne, le gouvernement flamand abandonne toute idée de tracé alternatif qui, à chaque fois, mobilise les défenseurs de l’environnement et, en 2024, propose le creusement de deux tunnels, les plus longs de Flandre – 1,5 et 2 kilomètres – aménagés sous les centres urbains de Helchteren et de Houthalen, deux entités aujourd’hui administrativement fusionnées au sein de la commune de Helchteren-Houthalen. En surface, un tram-bus électrique reliera Hasselt à Pelt. Divers ponts, routiers et cyclables, ainsi qu’un écoduc compléteront cet ensemble dont le coût est estimé à 1,4 milliard d’euros.

Qui le réalisera ? Jusqu’à présent, un seul candidat s’est manifesté. Il regroupe quatre poids lourds du génie civil : Besix, Jan De Nul, Stadsbader et Willemen. Annick De Ridder, ministre flamande de la Mobilité, aimerait attirer d’autres entrepreneurs, mais compte tenu des capacités techniques et financières nécessaires, il est peu probable qu’elle y parvienne. Il s’agit, en effet, d’un contrat DBFM (Design, Build, Finance and Maintain), c’est-à-dire un partenariat public-privé dans lequel ce dernier est appelé à préfinancer les travaux, ce qui limite l’éventail des possibilités.

Guillaume Capron

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