Vols de nuit: un avion doit-il faire moins de bruit qu’une machine à laver?
La question peut paraître saugrenue mais n’en conditionne pas moins la problématique des vols de nuit à Zaventem.
En juillet prochain, le permis d’environnement relatif à l’exploitation de l’aéroport de Zaventem doit être renouvelé. Et dans ce cadre, la Commission régionale du permis d’environnement vient d’émettre un avis favorable assorti de conditions parmi lesquelles la limitation des mouvements à 234.000 par an en 2030, ce qui représente une augmentation de 36.000 par rapport à 2023, doublée d’une interdiction progressive des vols de nuit. Dès 2026, plus aucun décollage ou atterrissage ne serait autorisé entre une et cinq heures du matin les nuits du vendredi, samedi et dimanche. En 2030, cette plage horaire serait étendue de 23 heures à 7 heures du matin et dès 2028, plus aucun avion ne pourrait, les autres jours, émettre dans ce même intervalle temporel plus de 60 décibels. Le bruit d’une machine à laver – ou celui que nous faisons – se sont insurgés divers parlementaires flamands qui, tous, ont mis en avant l’apport économique de l’aéroport : 5,4 milliards d’euros en valeur ajoutée et 64.000 emplois directs ou indirects ainsi que le “bain de sang social” qu’entraînerait l’adoption de ces recommandations.
Santé publique
Balayant cette “hystérie activiste” justifiée selon lui par la proximité d’élections, Bruno Tobback (Vooruit) a sobrement fait remarquer que Heathrow, Francfort, Orly, Zurich et Munich avaient tous supprimé les vols de nuit sans dommage pour l’emploi et que Schiphol s’apprête à faire de même dès 2025. Dans la foulée, il a plaidé pour une mise en balance équilibrée des intérêts économiques de l’aéroport d’une part et de la santé publique d’autre part. Pour cette dernière, le surcoût engendré par les nuisances nocturnes atteindrait 400 millions d’euros par an.
Dès 2026, plus aucun décollage ou atterrissage ne serait autorisé entre une et cinq heures du matin les nuits du vendredi, samedi et dimanche.
Aussi finaude que prudente, la ministre de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA) qui doit en principe faire connaître sa décision fin de ce mois – mais peut obtenir un délai de 60 jours – a déjà fait remarquer que ces fameux 60 décibels ne proviennent pas de son département mais de celui du Bien-Etre, dirigé par la CD&V Hilde Crevits…
Ce dossier à peine fermé, Zuhal Demir devra en ouvrir un autre, tout aussi miné : le 17 juin prochain, en effet, expire le permis d’environnement de l’aéroport de Deurne qui, dans sa demande de renouvellement introduite l’année dernière, aimerait augmenter le nombre de ses mouvements de 28% tout en promettant à terme une diminution des nuisances sonores par la mise en œuvre d’avions électriques, ce qui est théoriquement possible dans la mesure où une grande partie du trafic sera assurée par des jets privés. Accusé “d’extension illégale” de la piste dans l’espoir de pouvoir accueillir de plus gros avions, Antwerp Airport a une nouvelle fois été acquitté de ce chef en début d’année. Mais l’opposition reste farouche et la bataille pour les signatures fait rage avec, d’un côté, plus de 4.000 recours introduits contre le renouvellement du permis de l’aéroport et, de l’autre, près de 5.000 signatures apposées sur la pétition lancée par un élu N-VA local réclamant le maintien en activité de ce dernier.
Guillaume Capron
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