L’État obèse continue de grossir… mais surtout en Flandre

Adrien Dolimont (MR, Wallonie), Bart De Wever (N-VA, fédéral) et Mathias Diependaele (N-VA, Flandre): le trio des réformes. (Belga)
Charly Pohu

39.000 nouveaux fonctionnaires. Voilà les recrutements de l’État, en cinq ans. Mais c’est surtout en Flandre que le service public embauche à tour de bras.

L’Arizona et les gouvernements régionaux ont du pain sur la planche. Ces cinq dernières années, l’État, dans toutes ses composantes, a recruté 39.000 fonctionnaires supplémentaire – équivalents temps plein – entre fin 2019 et fin 2024, apprend Het Laatste Nieuws sur base de chiffres inédits. Voilà qui ne fera que renforcer les critiques d’un État devenu obèse.

Ce recrutement se fait à une croissance qui dépasse de 70% celle du secteur privé sur la même période. Il augmente également plus rapidement que les embauches de fonctionnaires d’avant la crise sanitaire et énergétique (25.500 équivalents temps pleins recrutés entre 2014 et 2019).

Région et secteurs : la Flandre comme source du problème

Il y a un grand pôle qui se distingue dans les chiffres : l’enseignement. Il représente 65% de la croissance en dix ans, soit 42.000 embauches. Mais c’est avant tout, et de loin, un phénomène flamand. Rien que sur les deux dernières années, 7.000 enseignants ont été recrutés au nord du pays. Chez les francophones, c’est tout l’inverse : le chiffre a baissé de 47 unités. Selon Wouter Duyck, expert en enseignement à l’UGent cité par le quotidien, la Flandre recrute trop. 30% d’enseignants en plus que la moyenne européenne. Et elle utilise les professeurs de manière inefficace.

Comment ne pas y voir une certaine ironie ? C’est d’habitude la Flandre qui se plaint que la Wallonie et Bruxelles coûtent trop cher à l’État. Qu’il y règne une culture de dépendance à l’argent public. Certes, le trou budgétaire y est moins important, mais le nord du pays a aussi un déficit à régler. Il vit toujours au-dessus de ses moyens et a prévu un effort d’1 milliard d’euros sur la législature.

Au niveau fédéral, la police a aussi embauché, mais bien moins que l’enseignement flamand. 1.000 nouveaux agents à la police fédérale et 1.500 à la police locale en dix ans. Les hommes et femmes en bleu déplorent toujours une pénurie de bras et de moyens. Le débat sur la sécurité et la lutte contre le crime organisé et les narcotrafiquants à Bruxelles le montre régulièrement. Dans l’armée, il y a même eu une baisse de l’effectif de l’ordre de 3.000 soldats en dix ans, mais une tendance à la hausse depuis deux à trois ans.

Ces deux dernières années, le seul endroit où il y a eu des réductions de postes, c’était niveau des provinces. 200, en tout. Mais c’est plutôt un transfert qui a eu lieu : les autorités locales et communautaires ont repris des compétences des provinces.

Less is more ?

Ces transferts montrent une chose : pour le moment, l’État ne dégrossit pas ses rangs. “Les emplois disparaissent rarement complètement. Dans de nombreux cas, les fonctionnaires sont transférés vers d’autres services. Cela ne permet donc pas de réaliser de réelles économies” explique l’économiste en chef du think tank Stichting Merito, Ivan Van de Cloot à HLN. “Les coûts de l’administration publique continuent ainsi d’augmenter.”

Mais l’État peut-il rationaliser les effectifs pour alléger le budget et le déficit ? Selon les experts cités, il serait en tout cas possible de faire fonctionner la machine avec moins de personnes. À côté d’une autre organisation des écoles, une simplification des lasagnes administratives est notamment une piste avancée. Car il y a des compétences qui se chevauchent : il y a donc trop de personnes à des postes similaires. C’est une perte d’efficacité.

Une autre piste est une réflexion sur les missions de l’État : tous les services publics ont-ils encore un intérêt aujourd’hui ? La question reste de savoir si l’Arizona et les gouvernements régionaux parviendront à réduire la taille de l’Etat, comme ils le promettent. Peu de gouvernements y sont parvenus.

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