La subsidiation par la Flandre de ses aéroports régionaux est “absurde”

L’aéroport d’Anvers est pénalisé par sa piste trop courte et sa localisation en zone densément peuplée. © BELGAIMAGE

Pour Vooruit, qui met en doute la viabilité de l’aéroport d’Anvers, l’actuelle subsidiation par la Flandre de ses aéroports régionaux est tout bonnement “absurde”.

Les chiffres, en effet, sont implacables. Courtrai peine à atteindre 9.000 passagers par an. Ostende n’est toujours qu’à 77% de son niveau d’avant-covid (2019). Et avec 68%, Deurne, près d’Anvers, fait moins bien encore.

Certes, il existe des circonstances atténuantes. À Ostende, le recul peut s’expliquer par l’aménagement d’une nouvelle piste de décollage qui a entraîné la fermeture de l’aéroport durant deux mois. À Deurne par contre, la situation est plus complexe et les espoirs formulés lors des festivités du centenaire de l’aéroport n’ont guère été rencontrés.

L’aéroport attendait en effet beaucoup de la mise en service par TUI de nouveaux appareils Embraer vers Tenerife et la Grande Canarie. Toutefois, des problèmes techniques ont entraîné, en pleine période estivale, une délocalisation des départs vers Zaventem, l’avion appelé à les remplacer – un Boeing – exigeant une piste de départ et d’arrivée plus longue.

Les recettes en ont pâti et pour la société d’exploitation de l’aéroport (LEM Antwerpen), l’exercice 2024 s’est soldé par un déficit de 658.000 euros, portant ainsi la perte cumulée à 2,3 millions d’euros. Ce montant est en réalité à majorer de 1,5 million d’euros suite à la confirmation en appel d’une condamnation prononcée en 2022 pour pollution des eaux de surface par les produits de nettoyage, le kérosène perdu lors des avitaillements, etc.

L’espoir de la privatisation

“On avait cru, voici une dizaine d’années, que la privatisation de l’exploitation de nos aéroports régionaux allait tout arranger”, ironise le Limbourgeois Kris Verduyckt, chef de groupe Vooruit au Parlement flamand. Techniquement, l’avenir de LEM Antwerpen, dont les fonds propres sont devenus négatifs, reste assuré dans la mesure où l’entreprise bénéficie d’une lettre de confort émise par sa maison mère, le groupe français Egis. Spécialisé dans la gestion des infrastructures, ce dernier gère également l’aéroport d’Ostende via LEM Oostende-Brugge et aide depuis de nombreuses années safe.brussels à rénover et sécuriser les tunnels routiers de la capitale.

Mais au niveau politique, le soutien commence à manquer. Comment en effet justifier un accroissement continu des subsides – 14 millions d’euros en 2024 – alors que depuis cinq ans, le nombre de passagers ne cesse de diminuer ? Entre 2019 et 2024, ce dernier a en effet été amputé d’un quart en tombant de 760.000 à 560.000 personnes.

Pour Vooruit, la coupe est pleine. Plus question de subsidier un aéroport dont l’essor se trouve entravé par une piste trop courte, ainsi qu’une localisation en zone densément peuplée. Et à Mortsel, la commune voisine, le bourgmestre Michiel Hubeau (Vooruit), vient déjà de réclamer “des actions concrètes”. À Ostende, les subsides d’exploitation sont, comme à Anvers au demeurant, supérieurs au chiffre d’affaires. Mais la piste y est plus longue, ce qui lui permet d’accueillir, contrairement à Deurne, des avions de transport.

Guillaume Capron

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