Flandre: les maisons de repos et de soins souffrent
Manque de places et de personnel : les maisons de repos et de soins de Flandre vont mal et les services rendus n’y sont pas toujours à la hauteur des prix pratiqués.
OKRA, la principale association des seniors de Flandre, relève par exemple que quatre des dix maisons de repos et de soins (MRS) les plus chères de Flandre ont fait l’objet d’un rapport négatif. Et la pension ne suffit plus ! Un séjour en MRS coûte en moyenne 2.182 euros, soit 542 euros de plus que le montant moyen des retraites dans notre pays, avec pour extrêmes La Belle Epoque à Knokke (5.154 euros) où les menus sont supervisés par le chef étoilé Yves Mattagne et Sint-Jozef à Anvers (1.238 euros) gérée par les Petites Sœurs des pauvres.
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L’écart est en réalité plus important dans la mesure où nombre d’institutions facturent des suppléments pour le repassage, l’internet, les boissons consommées en dehors des repas, etc. Une partie des différences entre institutions peut s’expliquer par la structure de propriété. Contrairement au secteur non marchand ou public, dans le secteur marchand, quasi aucune MRS n’est propriétaire du bien immobilier dans lequel elle s’active. Un tiers environ des MRS que compte la Flandre relève de ce secteur largement dominé par des multinationales françaises. Clariane (Korian) qui y compte 70 établissements cherche depuis novembre dernier acquéreur pour sa branche belge. Colisée qui a absorbé en 2019 Armonea en compte 52 et Orpea, aujourd’hui Emeis, 23.
Quelle que soit leur appartenance, toutes les MRS de Flandre tournent à pleine capacité.
Surcharge de travail
Quelle que soit leur appartenance, toutes les MRS tournent à pleine capacité : 523 sur 817 affichent ainsi un taux d’occupation égal ou supérieur à 95 %, ce qui est de mauvais augure dans la mesure où en 2030 les plus de 67 ans seront 21% alors qu’ils n’étaient que 18% dix ans plus tôt. Toutes souffrent d’un manque chronique de personnel : plus de 70% des 2.000 professionnels du secteur interrogés par le syndicat chrétien ACV Puls dénoncent une surcharge de travail et quatre personnes interrogées sur dix affirment prester souvent ou toujours des heures supplémentaires. Cette pression incessante amène de plus en plus d’employés sous contrat à quitter les MRS pour y revenir en tant qu’intérimaires avec des meilleures conditions de travail et de rémunération.
En témoigne le succès d’une société comme Care Talents spécialisée dans le recrutement de profils pour le secteur des soins de santé dont le chiffre d’affaires (17,8 millions d’euros en 2022) a plus que triplé en trois ans. Avec l’initiative “Bring a friend”, cette société courtraisienne offre, par exemple, une prime de 500, 750 ou 1.000 euros pour le recrutement d’un premier, deuxième ou troisième collègue. Des primes analogues existent pour l’embauche de personnel au sein d’autres entités du groupe. Fort présent aux Pays-Bas et constitué dans notre pays d’une dizaine de sociétés, toutes spécialisées dans des métiers de pénurie, World of Talents a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires consolidé de 252 millions d’euros et vient d’être cédé par ses actionnaires au fonds d’investissement CVC. Parmi ceux-ci, Steve Rousseau, le fondateur du groupe et demi-frère de Conner Rousseau, hier encore, président de Vooruit.
Guillaume Capron
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