Conner Rousseau (Vooruit) dans la tourmente de ses propos racistes
Le président des socialistes flamands a tenu des propos condamnables à l’égard de la communauté rom. Entendu par la justice, il s’est excusé. Mais les condamnations politiques se multiplient. Intenable.
Conner Rousseau, le wonderboy des socialistes flamands, a commis un dérapage qui pourrait lui coûter cher. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, ivre, il a tenu des propos racistes à des policiers, dans un café de Saint-Nicolas. En substance, il leur aurait demandé d’imposer aux roms le respect, “à la matraque s’il le faut”. Une expression survenue lors d’une sortie enhardie par l’ivresse au sujet de la propreté publique.
La justice s’en mêle. La presse se prépare à dévoiler l’incident, mais Conner Rousseau… fait interdire les journaux concernés de publier l’article. Cela fait beaucoup. Après avoir été entendu, jeudi, par la justice, le président de Vooruit s’est excusé, a souligné qu’il se faisait “un peu peur” quand il est saoul même si c’était “dit sur le ton de la blague”. Mais depuis, la tourmente ne s’arrête pas.
“Cela reste du racisme”
Pourtant peu coutumière des sorties polémiques, Hadja Lahbib (MR), ministre des Affaires étrangères, est incendiaire sur X, dès jeudi soir: “Le racisme pour rire, c’est du racisme. Le racisme ivre, c’est du racisme. Le racisme après excuses reste du racisme.” De nombreux libéraux ironisent, en outre, que les réactions auraient été tout autre s’il s’était agi d’un autre président de parti – suivez leur regard…
“Le racisme ne peut être toléré ou excusé. Que l’on soit de gauche ou de droite, c’est un délit, pas une opinion ou une blague, appuie Georges-Louis Bouchez, président du MR. L’insulte aux policiers, selon laquelle ils seraient trop payés, non plus. Il est navrant de devoir constater que l’anti racisme et l’exemplarité soient à géométrie variable pour certains selon l’auteur.”
“Moi, quand je suis bourré, je ne me mets pas à gueuler des insultes racistes”, ironise Raoul Hedebouw, président du PTB.
Le PS, lui, était plutôt réservé dans ses réactions, dans un premier temps, avant de se ressaisir. Ahmed Laaouej, chef de file socialiste à la Chambre, a toutefois condamné: « Il doit se ressaisir. Ce genre de propos est inacceptable dans la bouche de qui que ce soit et dans la bouche d’un responsable politique de gauche en particulier »
C’est du PS bruxellois que sont venues d’abord les condamnations les plus fortes: “Nous combattons tous les jours celles et ceux qui tiennent ce genre de discours, souligne Rdouane Chahid, chef de file au parlement bruxellois. Au parlement, nous n’assistons pas aux interventions du belang. Lundi, il faudra que je que me rende au siège de mon Parti qui est partagé avec une personne qui tient ce type de propos. C’est dur.”
“Les propos de Conner Rousseau sont inacceptables dans le chef d’un responsable politique, condamne Caroline Désir, ministre francophone de l’Education. La lutte contre le racisme et les discriminations font partie de notre ADN et le PS continuera d’être à la pointe de ces combats!” Bref, cela tangue, sérieusement.
Une situation intenable
Il est vrai que cet incident, fâcheux, met à mal une personnalité clé: Conner Rousseau, depuis son arrivée, a réussi à relever Vooruit qui se situe autour de 16% dans les sondages. Cette sortie lui sera-t-elle préjudiciable ou, au contraire, portera-t-elle sa formation sous le mode “il ose dire tout haut ce que certains pensent tout bas”?
Fragile et arrogant, comme le constate le chroniqueur Bertrand Henne sur la RTBF, Conner Rousseau avait déjà échappé à des poursuites judiciaires suite à des attitudes inconvenantes à l’égard de jeunes. Suite à cela, il avait fait son “coming out” inédit dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
A force de transgresser, le jeune leader ternit sa réputation. Sa position pourrait rapidement devenir intenable. D’autant qu’Unia, institution en charge de la lutte contre le racisme, souligne que ses propos pourraient être du ressort de la loi Moureaux. A suivre…
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