Vooruit veut rediscuter des jeux de hasard : une confrontation avec le MR en perspective
Le secteur des jeux de hasard a fonctionné à plein régime en 2023 en Belgique, avec un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros, en hausse de 16,74% par rapport à l’année précédente. Ce constat est dressé dans le dernier rapport de la commission des jeux de hasard, et relayé jeudi par De Standaard. L’ex-présidente de Vooruit, Melissa Depraetere, estime qu’on n’en fait pas assez pour limiter ces bénéfices, et souhaite mettre des mesures sur la table des négociations fédérales en vue de la formation d’un gouvernement.
“L’interdiction de publicité (elle sera de plus en plus limitée, dès septembre) doit se poursuivre, mais il faut aussi de nouvelles mesures, à inclure dans les discussions de formation”, indique-t-elle jeudi à Belga. L’élue fait partie des négociateurs principaux pour les socialistes flamands.
Vooruit plaide entre autres dans son programme pour une réforme de la commission des jeux de hasard, une demande qu’émet également la députée CD&V Els Van Hoof. “Cet organe est, aujourd’hui, à la fois garde-chasse et braconnier. Il octroie des licences aux entreprises de jeux de hasard et contrôle.”
Elle plaide par ailleurs pour une obligation d’information pour ces entreprises, par rapport aux joueurs, par exemple quand ils atteignent certaines limites de dépenses, et par rapport aux autorités, par exemple quant au nombre précis de joueurs problématiques.
Confrontation avec le MR
Les discussions autour de la publicité des jeux de hasard ont émaillé la coalition Vivaldi. Le MR et son président, Georges-Louis Bouchez, estiment depuis longtemps qu’interdire purement et simplement la publicité pour les jeux de hasard “est une fausse bonne idée”. Argument utilisé : cette publicité canalise les joueurs vers une offre régulée et légale, en lieu et place d’acteurs peu scrupuleux, où aucune prévention et régulation n’existe.
En outre, Georges-Louis Bouchez a souvent rappelé que la Loterie Nationale avait une trop grande influence dans ce dossier, n’étant pas affectée par toute une série de verrous en termes de publicité. Enfin, argumentait le parti libéral, “cette interdiction entraînerait des difficultés financières importantes pour les clubs sportifs – pros ou amateurs -, le secteur culturel et le secteur associatif”.
Pendant longtemps, ce dossier a été bloqué au sein du Conseil des ministres, faisant naître des accusations d’influence de la part de lobbyistes auprès du président du MR, par ailleurs président du club des Francs-Borains, dont le principal sponsor est un jeu d’argent.
Finalement, la publicité des jeux de hasard sera fortement limitée, étant interdite dans les stades à partir du 1er janvier 2025, mais pas comme sponsor des clubs sportifs. Il semble, donc, que Vooruit ne soit pas rassasié et veuille remettre le couvert dans le prochain gouvernement. Une manière de mettre la pression sur le MR, à droite de la coalition, mais surtout, de faire monter les enchères en vue des négociations.
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