Le Premier ministre se félicite que les efforts n’aient pas été reportés. Le MR, après sa fronde, dit avoir préservé le panier général de la TVA. Vooruit se dit responsable et écouté sur le plan social. Mais le grand charivari laissera des traces.
C’est un Bart De Wever “soulagé” qui a présenté un accord obtenu sur le budget après un marathon nocturne. “Je suis soulagé, a-t-il dit. Bon, c’est un grand mot, mais je suis en tout cas très heureux que l’équipe ait résisté à la tentation de faire un exercice de simplification et de tout repousser à plus tard.”
Pour le leader de la N-VA, c’est un sparadrap qui se décolle après une crise qui a été à deux doigts de l’emporter et qui a nécessité un détour un rien psychodramatique par le Palais. Il avait reçu un bonus de temps jusqu’à Noël, l’accord tombe avant la Saint-Nicolas.
Mais cette victoire à la Pyrrhus pourrait laisser des traces.
Le MR tente de capitaliser
Au fil de l’exercice, le président des libéraux, Georges-Louis Bouchez, a singulièrement irrité ses partenaires avec ses blocages sur la TVA et l’indexation des salaires. Les deux, pourtant, ont bel et bien été touchés.
Pour autant, le libéral se félicite: “Le MR a été entendu!, clame-t-il. Il n’y aura pas d’augmentation des taux de TVA! Le caddie est totalement préservé. L’index, socialement corrigé, sera aussi gardé pour 100% des travailleurs et la réforme fiscale est anticipée. Plus de pouvoir d’achat à la clé.”
Un membre du gouvernement nous le disait en fin de semaine: “Vous verrez, Bouchez bloque tout pour ensuite revendiquer la victoire.” Dont acte. Mais son comportement risque bien d’être perçu à long terme comme une forme de déloyauté par certains. À suivre, en tout cas.
“Le gouvernement s’engage aussi à remettre au travail 100.000 personnes aujourd’hui en maladie, soit de façon abusive, soit avec des capacités partielles, ajoute le président du MR. La norme énergétique et la baisse du prix de l’électricité seront des atouts pour permettre la transition, sans oublier un plan PME pour la compétitivité.”
Vooruit sauve les meubles
Vooruit est également prompt à réagir. “En période difficile, nous prenons nos responsabilités“, souligne le président de Vooruit, Conner Rousseau, sur Instagram.
“Vooruit a pu sauver un grand nombre de mesures sociales, prolonge-t-il. Nous nous sommes battus fermement pour votre pouvoir d’achat et les soins de santé. Avec des résultats.”
Bien sûr, il y a des pilules à avaler. “Il y a aussi des éléments difficiles, reconnait-il. Mais tout le monde sait qu’on ne sauve pas un budget uniquement avec de bonnes nouvelles”.
“Le MR, surtout, a polarisé” le débat budgétaire, mais Vooruit était évidemment le “bouclier social” avec des Engagés qui ont dû jouer ce rôle du côté francophones.
Engagés: “garantir demain”
Ma nuance est plus difficile à porter et les Engagés ont mis un peu plus de temps à réagir.
“Trouver les 10 milliards d’euros ne se fait pas sans renoncements et sans difficultés mais nous y sommes arrivés, pour protéger aujourd’hui et garantir demain“, se félicité leur président, Yvan Verougstraete.
Il énumère les acquis, selon lui: “Les épaules larges et les entreprises participeront pour plus de 1 milliard d’euros; l’effort en fiscalité portera avant tout sur les produits polluants en préservant les biens essentiels; un tax shift de l’électricité vers les énergies fossiles; la réforme fiscale est préservée et avancée: job bonus et salaire minimum valorisé, une limitation de l’indexation concentrée sur la part la plus haute des salaires, lutte contre fraude fiscale: création d’un parquet fédéral pour que tout le monde respecte les règles.”
Il ajoute: “Nous avons aussi veillé à préserver l’essentiel pour l’avenir. Et d’énumérer, là aussi: “Les soins de santé sont largement préservés: nous investissons 200 milliards d’euros d’ici 2029 avec une attention particulière sur le personnel soignant; intégration des périodes de maladie dans le calcul des pensions; innovation et économie: investissement dans le spatial”.
Tous gagnants. Et tous touchés par l’effort.