Vooruit conditionne les réformes du chômage et des pensions à un accord sur la taxation des “épaules les plus larges”. Il vise… l’épargne-pension. “Ce n’était pas dans l’accord”, s’énervent Georges-Louis Bouchez (MR) et Sammy Mahdi (CD&V). Paul Magnette (PS) annonce déjà la suite: un taux plus élevé.
La taxation sur les plus-values avait déjà failli faire capoter les négociations fédérales à plusieurs reprises, avant l’arrivée de Bart De Wever au Seize. Faute d’accord précis, il était écrit que cela provoquerait à nouveau des turbulences au moment de la négociation finale au sein de l’Arizona.
Vooruit joue son va-tout alors que sa base grince des dents, échaudée par les réformes du chômage et des pensions. Pas question d’aller plus loin s’il n’y a pas d’accord sur la taxation des plus-values, disent les socialistes flamands. Les partenaires en acceptent l’augure. Par contre, les exigences de Vooruit commencent sérieusement à les agacer.
Bouchez: “Ce n’était pas dans l’accord!”
La dernière demande en date de Conner Rousseau, président de Vooruit, concerne le périmètre de cette taxation sur les plus-values, qu’il ne cesse de vouloir élargir. Désormais, il vise… l’épargne-pension et l’assurance groupe.
“Ce n’était pas dans l’accord!”, s’exclame Georges-Louis Bouchez, président du MR, dans la presse flamande. Selon lui, c’est absolument “exclu”. “Nous avions convenu de toucher les épaules les plus larges, pas la classe moyenne, souligne-t-il. À ce sujet, il n’y a rien à négocier.”
La question de savoir ce que représente effectivement la classe moyenne et où commencent les “épaules les plus larges” est centrale.
Même son de cloche au CD&V. Leur président, Sammy Mahdi, a fait observer que l’épargne-pension est déjà taxée en Belgique. Ajouter une taxe sur les plus-values signifierait, selon lui, qu’une personne pourrait verser plus de 7.000 euros à l’État au cours d’une carrière complète d’épargne-pension. Le président du CD&V rappelle que quelque 4 millions de Belges recourent à ce type d’épargne. Leur imposer une charge fiscale supplémentaire serait, à ses yeux, “absurde”.
Le sujet grippe à nouveau la dynamique de l’Arizona fédérale alors qu’un nouveau deal est annoncé pour l’été, incluant notamment une réforme visant à moderniser davantage la flexibilité du travail.
Magnette: “Augmenter le curseur”
Paul Magnette, président du PS, ajoute quant à lui son grand de sel pour déstabiliser l’attelage fédéral. “Je l’ai saluée dès l’installation du gouvernement, même si le taux de 10 % est trop bas et qu’il faudra voir ce qu’il y a comme exonérations”, dit-il en évoquant cette taxation des plus-values.
Il ajoute, Machiavel: “Mais cela permet d’avoir enfin une base. Elle va passer une série d’épreuves de recours, puis elle sera consolidée juridiquement, et donc plus tard, on pourra simplement faire varier les curseurs.”
Autrement dit, la porte sera ouverte et ce sont les partis de droite qui auront laissé le vent s’engouffrer.