L’accord obtenu sur la taxation des plus-values démine un sujet sensible pour le gouvernement, indispensable pour les socialistes flamands. Le MR trouve “ahurissant” de se réjouir et risque de le payer: il est déjà attaqué par l’Open VLD. La bataille n’est pas finie, y compris devant les juridictions. Tout ça… pour un symbole.
Pour Vooruit, c’est une victoire, obtenue à l’arraché, mais qui était indispensable. L’accord finalisé ce lundi sur la taxation des plus-values était une condition sine qua non pour le maintien des socialistes flamands au sein du gouvernement. Tous les autres partenaires en étaient conscients.
“Cette taxe était le prix à payer pour un gouvernement de réformes“, concède Georges-Louis Bouchez, président du MR, qui trouve “ahurissant” de voir que l’on se réjouit pour une taxe supplémentaire. En retour, il réclame une “accélération des réformes”.
L’accord est une couleuvre à avaler pour des libéraux francophones déjà attaqués… par les libéraux flamands.
“Les épaules les plus larges”
Frank Vandenbroucke, vice-Premier ministre Vooruit, se félicite: “Nous manquons d’argent pour les soins de santé, la défense, la politique et la justice. Les épaules les plus larges doivent contribuer.” C’est le slogan qui revient tel une ritournelle.
Le socialiste rassure, aussi: “Les petits épargnants ne seront pas touchés“. Une exonération annuelle de 10.000 euros est en effet prévue par personne afin de protéger les petits et moyens investisseurs. Les produits d’épargne-pension et les assurances-groupe ne sont pas concernés.
Vooruit a obtenu son symbole… qui reste un symbole, dont le gain espéré s’élèverait à 250 millions d’euros par an.
Maxime Prévot, vice-Premier des Engagés, exulte, lui aussi, en mode pied de nez au PS: “Pour la première fois dans l’histoire fiscale de notre pays, un accord gouvernemental prévoit l’instauration d’une taxe sur les plus-values. Ce que de nombreux gouvernements ont échoué à concrétiser devient enfin réalité. Il s’agit d’un tournant majeur vers une fiscalité plus équitable.”
Cela dit, cela fait beaucoup de remue-ménage pour un apport certes significatif, mais dont l’effet contre-productif pourrait être plus important encore, tant la réputation de la Belgique en tant que pays taxateur en sort renforcée. Quant au grand tax-shift espéré depuis des années, il reste en grande partie lettre morte.
“Encore des taxes”
Le MR, donc, avale une couleuvre. “Il est ahurissant de voir des politiques se réjouir d’un nouvel impôt dans le pays le plus taxé du monde, clame Georges-Louis Bouchez. Pour le surplus, il n’y aura pas de taxe en plus avec le MR. Stop à l’impôt qui tue notre économie, le pouvoir d’achat et le développement du pays!”.
Alexia Bertrand, ex-MR désormais à l’Open VLD, le laisse pas passer le message: “Si seulement c’était vrai… Mais la taxe sur les plus-values n’est pas seule. Il y a déjà au moins 20 ‘taxes Arizona’: taxe sur le divorce, sur la 2e résidence, exit tax, TVA sur les pompes à chaleur… C’est ahurissant de voir des responsables politiques se réjouir de nouvelles taxes dans l’un des pays les plus imposés au monde.”
Les libéraux flamands, régulièrement attaqués par le MR sur leur manque de libéralisme, sont remontés et lui rendent la monnaie de sa pièce.
Vincent Van Quickenborne, ancien ministre libéral flamand, analyse, quant à lui: “La bataille autour de la taxe sur les plus-values est loin d’être terminée. Elle ne le sera que lorsque le projet de loi sera déposé au Parlement et adopté. Par ailleurs, il reste encore l’obstacle du Conseil d’État. Et comme nous l’avons appris entre-temps, le Conseil d’État peut se montrer particulièrement critique.”
L’accord de ce début d’été est à la fois un soulagement pour l’Arizona et, peut-être, une nouvelle source de tensions s’il est malmené ou si un partenaire a l’impression d’avoir été dupé.
