Samuel Cogolati (Ecolo): “Les entrepreneurs sont devenus nos premiers partenaires” 

Samue Cogolati, coprésident d'Ecolo, espère que le vent tourne. BELGA
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le coprésident des verts reconnaît que les temps sont difficiles pour l’écologie. Mais il voit le sujet revenir dans l’esprit des gens et mise sur les entreprises comme alliés de premier plan, davantage que les politiques. Dans notre Trends Talk, il fait face aux critiques. 

Samuel Cogolati, coprésident d’Ecolo avec Marie Lecocq, n’esquive pas la difficulté de la tâche. Après les élections de juin 2024, marquée par une sévère défaite, le parti a dû être durement restructuré et la ligne doit être remodelée. 

Nous sommes debout, mais on ne va pas se le cacher, les vents sont contraires, acquiesce-t-il. Au-delà des résultats négatifs obtenus aux élections, le contexte général en Occident est particulièrement difficile. Oui, nous avons parfois l’impression de nager à contre-courant, mais on se donne à fond et nous sommes déterminés à faire émerger une nouvelle société.” 

Le fremissement citoyen 

Samuel Cogolati voit des frémissements prouvant que le vent tourne. “J’en veux pour preuve l’énorme marche pour le climat du 5 octobre dernier. Toute la presse se demandait s’il allait y avoir plus de quelques centaines de personnes. En vérité, bous étions 30.000 dans la rue à demander des mesures climatiques ambitieuses. Il y a quelques semaines, un sondage Ipsos illustrait que six Belges sur dix demandent plus d’ambition climatique de la part de nos gouvernements. Ce n’est pas la mobilisation citoyenne qui fait défaut, c’est plutôt la mobilisation au niveau politique.” 

Les critiques à l’encontre des écologistes sont pourtant nombreuses, non? “C’est comme si vous aviez un incendie de forêt et que vous commenciez à cibler le pompier qui se donne corps et âme pour l’éteindre. L’écologie aujourd’hui est porteuse de solutions, mais c’est vrai à contre-courant du modèle dominant.” 

Les entreprises, principales alliées 

Depuis son arrivée à la tête du parti, en juillet 2024, le Hutois multiplie les visites dans les milieux économiques pour redéfinir une vision économique. “La valeur centrale pour laquelle je me bats, c’est l’autonomie, insiste-t-il. Nous devons reprendre en main notre destin. Il y a vraiment un enjeu à reprendre le contrôle en Europe et en Belgique.” 

Le discours parle aux CEO, dit-il. “Les entrepreneurs et le monde économique sont, en fait, devenus nos premiers partenaires dans la transition. Tous décident d’avoir des plans de zéro émission ou de transition écologique qui sont bien plus ambitieux que les plans défendus au niveau politique.” 

Objectif? Sortir à vitesse rapide des énergies fossiles, pour lesquelles les pouvoirs publics dépensent encore trop d’argent. “On parle, au niveau du gouvernement fédéral belge, par exemple, de 13 milliards d’euros de subsides. C’est littéralement se tirer une balle dans le pied, c’est envoyer notre argent belge public aux dictatures des pays du Golfe, à la Russie de Vladimir Poutine ou pour le gaz de schiste américain de Donald Trump.” 

Le coprésident d’Ecolo se désole de voir les gouvernements actuels “détricoter tout ce que nous avons mis en place au cours des cinq dernières années, dont le déploiement de l’éolien offshore en mer du Nord”. La raison du coût, il l’élude un peu. Le nucléaire? Si ce sparadrap colle à la peau des verts, il ne souhaite pas aller au-delà des deux réacteurs dont ils ont accepté la prolongation du bout des lèvres. 

Leitmotiv? “Je ne fais de langue de bois. Je suis favorable à une croissance des domaines les plus vertueux pour la planète, pour l’économie et pour le bien être des gens. Mais je suis pour la décroissance de ce qui est néfaste, dont les énergies fossiles.” 

“Où va De Wever?” 

Le coprésident d’Ecolo, dans l’opposition, se désole de voir le spectacle offert au fédéral dans la confection du budget. “J’observe une majorité qui n’a pas de cap, qui ne sait pas si elle va économiser dix milliards, huit ou six. Or, on annonce pour 2026, un déficit budgétaire de 26 milliards d’euros.” 

“Non seulement cette majorité N-VA – MR – Engagés nous met dans le rouge, mais en plus, elle nous presse comme des citrons, ajoute-t-il. Je suis vraiment très inquiet pour la classe moyenne. Ce n’est pas une surprise si la semaine passée, il y a eu une manifestation monstre avec 140.000 personnes dans les rues de Bruxelles.” 

Le vent tourne. C’est l’espoir d’Ecolo face aux vents contraires. 

L’interview complète est à voir à partir de samedi matin, sur Trends Z.

Expertise Partenaire