Pas de taxe, pas de hausse de la TVA, pas de saut d’index… Le MR est, avec Vooruit, à la source de la crise qui crispe le gouvernement De Wever. Il s’en explique: oui à un effort de dix milliards, mais par d’autres moyens. Quitte à prendre plus de temps pour arriver à un accord.
Plusieurs fois, jeudi, Georges-Louis Bouchez a réitéré sa “confiance” dans le Premier ministre pour qu’il trouve un accord dans la crise budgétaire. En séance plénière de la Chambre et aux micros des télévisions. C’était nécessaire pour déminer une perception croissante: Bart De Wever était au bord de la démission. Et le MR en était la cause.
Les exigences, souvent contradictoires, des libéraux francophones et des socialistes flamands sont les sources principales des tensions au sein de l’Arizona. Les négociations reprennent ce vendredi en bilatérales et se poursuivront ce week-end. Mais aucun délai n’est désormais fixé et il n’est plus exclu que l’on entame l’année sous le régime des douzièmes provisoires.
Le MR responsable? Publiquement, le parti de GLB a dit “non” à la taxe des millionnaires voulue par Vooruit, “non” au saut d’index qui impacterait les travailleurs, non à la hausse de la TVA… Pour lui, il faut travailler sur les baisses des dépenses et réformer. “No tax” : c’est le slogan, conforté par l’accord de gouvernement.
“Un plan alternatif”
GLB est-il devenu “Monsieur Non”? “On ne bloque certainement pas tout, a souligné Georges-Louis Bouchez, jeudi. Le vrai courage, c’est de réformer, pas de taxer. Mais pour le reste, on a entièrement confiance dans le Premier ministre pour trouver les bonnes solutions.” Il vaut mieux le dire, vu le niveau de tensions.
Bart De Wever a laissé entendre: “Ceux qui ne veulent pas prendre de décisions difficiles” feraient bien de quitter le gouvernement. Le MR se sent-il visé? “Au contraire. Nous proposons des réformes qui sont bien plus révolutionnaires que ce que proposent pas mal d’autres partis politiques. Taxer, c’est la solution de facilité. C’est exactement ce qu’on fait dans ce pays depuis cinquante ans. Ce n’est pas comme ça qu’on arrive à récompenser les gens qui travaillent et à attirer les investissements.”
Il vaut mieux prendre “quelques semaines de plus” pour avoir un bon budget que de travailler “dans la panique”, dit Bouchez, qui dénonce ceux qui ne cherchent que les drames et les démissions.
“Nous avons un plan alternatif qui permet de faire les dix milliards d’euros sans difficulté ou en tout cas sans impôts nouveaux”, affirme-t-il. Le MR a, notamment, beaucoup insisté sur la lutte contre les abus et la remise au travail des malades de longue durée.
Les effets retours des réformes structurelles sont également au cœur du discours libéral. Un pari.
La droite populaire
Pour le président libéral, cette confection du budget est un test important pour sa capacité à tenir tête aux exigences de Vooruit. C’est aussi une démonstration de sa ligne de “droite populaire” qui visent à épargner les travailleurs et à toucher des classes populaires tentées par les extrêmes.
Le contexte est délicat. Les attaques du PS sont fortes et fonctionnent, visiblement, au vu des derniers sondages.
En interne et dans son conflit avec la RTBF, Georges-Louis Bouchez a vécu une séquence difficile cet été et les braises couvent toujours.
Alors? Il doit “mettre des buts” comme il l’a rappelé à la Chambre, jeudi. Et de préciser: cela, on sait le faire… Quitte à mettre le feu, en même temps.