Paul Magnette Premier ministre? Oui, s’il écoute la Flandre…
Le président du PS a réaffirmé qu’il était disponible pour le Seize, fustigeant la candidature de Bart De Wever. Le Carolo peut en rêver, mais il devra tenir compte des résultats au Nord.
Paul Magnette, président du PS, a réaffirmé sa candidature au poste de Premier ministre, jeudi soir, lors de ses voeux à Charleroi. “Les socialistes sont prêts à assumer leurs responsabilités – et je suis prêt à assumer les miennes”, a-t-il lancé.
Il a également fustigé la candidature de Bart De Wever, président de la N-VA, qui avait relancé la sienne le week-end, “à contre-coeur”, mais défendre “la prospérité et la Flandre”. “Monsieur De Wever, quand on veut diriger un pays, il faut avoir pour lui des rêves et des ambitions et non pas souhaiter sa fin”, a lancé Paul Magnette.
Ce match à distance est une clé des élections du 9 juin 2024. Mais il pourrait, une nouvelle fois, engendrer… une troisième voie car les deux candidatures pourraient s’exclure. Surtout, Paul Magnette devra tenir compte des résultats au Nord. Explications.
La première famille du pays
Paul Magnette a de grandes chances d’accéder au Seize. Il est pratiquement acquis, au vu des sondages successifs des derniers mois, que la famille socialiste sera la première du pays au soir du 9 juin prochain. Le PS se maintient bien en Belgique francophone, il reste premier en Wallonie selon le dernier baromètre, et Vooruit fait mieux que les libéraux et les chrétiens démocrates en Flandre. Et extrêmes mis à part, le PS pourrait être le premier parti du pays. Magnette aura la main.
Le bourgmestre de Charleroi a la Belgique en lui: “Quand on veut diriger un pays, il faut d’abord l’aimer, tout simplement, disait-il jeudi soir. Nous aimons ce pays, et nous sommes fiers d’avoir contribué à en faire aujourd’hui, une terre de libertés, de prospérité et de solidarité, une terre où tout le monde, d’où qu’il vienne, peut trouver sa place.”
Mais, car il y a un mais…
L’équation flamande
En Flandre, au soir du 9 juin, le Vlaams Belang risque bien d’être le premier parti, confortablement. L’extrême droite ne participera pas au pouvoir, mais son poids pourrait peser sur l’équation politique au Nord. Tout d’abord parce que la N-VA, si elle réalise les 20-22% promis par les sondages, sera incontournable. Bart De Wever le sait et peut cadenasser les négociations.
Par ailleurs, le paysage politique flamand penche clairement à droite. Outre la N-VA, le CD&V et l’Open VLD ont des approches socio-économiques de centre-droit. Quant à Vooruit, le parti frère du PS, il développe une approche socio-économique plus à droite, notamment sur l’Etat social actif, et a déjà annoncé qu’une coalition avec la NV-A était de l’ordre du possible, voire du souhaitable.
Paul Magnette, pour rêver du Seize, devra intégrer cette équation et… comprendre ce qui vit en Flandre. Pour l’instant, si ce n’est son néerlandais parfait, il ne donne guère l’impression de percevoir le coeur qui bat au nord du pays.
Bien sûr, il y a de la posture électorale dans son expression visant à créer “la majorité la plus progressiste possible”. Mais pour l’heure, il n’y a guère eu dans son chef de mots pour s’adresser aux inquiétudes de la Flandre qui se concrétisent dans ces intentions nationalistes et ces craintes pour la prospérité.
S’il veut aller au Seize, Paul Magnette devra songer à s’adresser à tous les Belges.
En s’excluant l’un l’autre, Bart De Wever et Paul Magnette pourraient en outre, comme en 2020, ouvrir la voie à une autre candidature pour le Seize venue d’un parti moins puissant, mais plus conciliant. En Belgique, être candidat à une fonction n’est pas toujours la meilleure garantie de l’obtenir.
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