Michel Claise chez DéFI: le fameux pari d’un chevalier blanc face au système

Michel Claise, candidat aux élections. BELGA PHOTO HATIM KAGHAT
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’ancien juge d’instruction se présente sur la liste fédérale de François De Smet à Bruxelles. Il veut sonner la charge contre la criminalité financière, mais son combat s’annonce… pour le moins périlleux.

Michel Claise se lance en politique. L’ancien juge d’instruction, spécialisé dans la lutte contre la criminalité financière, occupera la troisième place de la la liste fédérale de DéFI à Bruxelles, derrière les deux députés actuels, François De Smet et Sophie Rohonyi. Avec la volonté de bousculer le système.

Pour François De Smet, c’est un renfort de choix, alors que son parti traverse un creux dans les sondages. Une façon de démontrer que DéFI est un parti indépendant, soucieux de justice et d’équité. “Si Michel Claise devient député fédéral, le ministre de la Justice devrait moins bien dormir et ce serait un message fantastique envoyé aux criminels et aux corrompus”, souligne le président du parti.

Michel Claise a conforté sa notoriété récemment avec l’affaire du Qatargate, ces soupçons d’influence et de corruption du Qatar au coeur du parlement européen. Mais l’instruction s’éternise, risque l’enlisement et le juge lui-même a dû faire un pas de côté car son fils était associé avec le fils de la députée européenne Marie Arena, dont le nom est cité dans cette affaire.

“Dans la poche des criminels”

Pour Michel Claise, tout juste retraité, c’est un fameux défi qui l’attend – sans mauvais jeu de mots. Tout d’abord, il s’agira de conquérir un troisième siège à Bruxelles, ce qui est loin d’être chose aisée au vu des intentions de vote actuelles. Ensuite, il part au combat au sein d’une formation politique dont le poids reste relatif dans le concert belge – il devra jouer à l’influence et créer des alliances.

S’il convainc les électeurs, Michel Claise risque d’être, tel Don Quichotte, dans l’arène politique pour lutter contre les moulins à vent. “Il faut chercher l’argent dans la poche des criminels”, assène l’ancien juge, et plus dans celle des citoyens. Car la criminalité financière véhicule “des centaines de milliards en Europe”, ce qui permettrait de contribuer au “plan Marshall pour la justice” défendu par DéFI. Le discours est certes aguicheur.

Parmi les voeux de Michel Claise, on trouve un secrétariat d’Etat fédéral de lutte contre la criminalité financière, une agence belge anti-corruption ou un parquet national financier. Désargentée, la justice peine aujourd’hui à mener à bien ces missions financières et la loi sur la transaction pénale permet souvent aux nantis de négocier un arrangement avant que l’affaire ne débarque devant les tribunaux.

Bonne presse et rendez-vous majeur

Les réactions à l’arrivée de Michel Claise sont positives. Si la chasse à l’échalotte entre partis pour recruter des noms connus suscite bien des critiques, l’apparition de l’ex-juge répond bel et bien, sur le fond, à un enjeu majeur pour la société belge. La criminalité financière gangrène tous les étages de la maison Belgique. Le procureur fédéral, Frédéric Van Leeuw, met régulièrement en garde contre le risque que notre pays devienne un “narco-Etat” et épinglé la corruption de plus en plus répandue.

Mais si son discours est alléchant, il suscite aussi du scepticisme dans les rangs de nombreux observateurs, notamment du monde économique. Ce combat sera de longue haleine et la volonté politique de renforcer le pouvoir judiciaire se casse souvent les dents sur la réalité budgétaire et… la crainte de donner des ailes à ce contre-pouvoir.

Michel Claise s’offre un rendez-vous prometteur avec l’électeur, faute d’avoir mené à bien son instruction contre le Qatar. A 68 ans, il entame aussi l’ascension de l’Himalaya à pieds nus.

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