Métiers en pénurie: Di Rupo propose d’activer les sans-papiers. Bonne idée. Et les Belges, aussi?

Elio Di Rupo
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le ministre-président wallon a écrit cet été au Premier ministre pour lui demander d’assouplir les règles en matière d’accueil pour les travailleurs aux compétences introuvables. C’est nécessaire. Mais des mesures plus fortes en matière d’activation aussi, et le PS freine.

La lutte contre l’un des enjeux majeurs de cette rentrée politique. Avec 200 000 emplois en souffrance, faute de compétences ou de volonté à travailler, l’économie belge risque d’en pâtir, alors que la conjoncture se ralentit. Des mesures s’imposent, d’autant plus que l’augmentation du taux d’emploi est une nécessité face à l’écueil budgétaire qui se présente.

Dans le courant de l’été, le ministe-président wallon, Elio Di Rupo (PS) et sa ministre de l’Emploi, Christie Morreale (PS), a écrit au Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), souligne L’Echo, pour lui demander d’assouplir les conditions de l’accueil pour les candidats réfugiés disposant de compétences introuvables sur notre marché de l’emploi. Au cabinet du Premier, on ne ferme pas la porte à cette idée qui émane, par ailleurs, des partenaires sociaux.

Une nécessité démographique

L’idée est évidemment bonne pour répondre à l’urgence. Elle l’est d’autant plus, rappelle-t-on, que l’évolution démographique va rendre la question d’autant plus pressante. Dans les quinze années à venir, la Wallonie – comme l’Europe dans son ensemble – devra composer avec une démographie en baisse: on parle de 50 000 travailleurs en moins.

En Flandre aussi, une récente polémique au sujet du manque de travailleurs francophones acceptant les offres d’emploi flamandes a vu le jour. L’occasion de mettre en avant la volonté d’envoyer des missions économiques ad hoc pour trouver les profils recherchés dans des pays comme l’Inde ou le Mexique. Une forme d’immigration choisie. Le sujet, en Flandre, est plus important encore, en raison d’un plein-emploi dans certaines régions.

Constat d’échec

Pas de tabou, donc. Mais cette volonté de recourir à la main-d’oeuvre étrangère ne doit pas masquer l’autre priorité absolue: remettre… les Belges au travail. Il y a actuellement 500 000 personnes en congé maladie de longue durée, un chiffre qui a explosé ces dernières années. C’est davantage que le nombre de chômeurs. L’économiste du travail flamand, Stijn Baerts (UGent) évoquait cette semaine sur X (ex-Twitter) le nombre de 1,3 million de Belges en âge de travailler qui ne sont pas actifs.

Or, politiquement, si des mesures ont été prises, le PS, singulièrement, s’oppose à une activation plus forte des sans-emploi dans notre pays, notamment via des sanctions plus fortes. Ce ne serait pas la solution. Peut-être, mais l’accompagnement, les formations ou les incitants sous forme de prime ne semblent pas fonctionner suffisamment.

N’est-ce pas là un constat d’échec? Et n’est-ce pas là le débat de la rentrée, en plus du budget à remettre sur les rails?

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