Marc Uyttendaele: “Réformer l’Etat avec l’appui du PTB? Je n’y crois pas”

Marc uyttendaele, professeur de droit constitutionnel et avocat |
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le constitutionnaliste souligne que le parti d’extrême gauche est unitaire, alors qu’une réforme devrait être “extrême” en matière d’autonomie pour la Flandre. L’annonce de De Croo? “Un effet de com’.”

Une réforme pour “moderniser la Belgique” et simplifier ses institutions, lors de la prochaine législature? Le constitutionnaliste Marc Uyttendaele (ULB) n’y croit guère, en dépit de la liste ambitieuse d’articles à réviser, adoptée par la Vivaldi fédérale, et malgré l’ouverture faite par le PTB pour soutenir une majorité des deux tiers au parlement.

Premier élément d’analyse: tous les articles du menu adopté par les partenaires de la majorité fédérale pour réformer la Constitution “nécessitent une majorité des deux tiers”. Que ce soit pour modifier la façon dont on forme le gouvernement, pour moderniser la démocratie ou pour simplifier le fonctionnement de l’Etat. “D’ailleurs, ajoute Marc Uyttendaele, “le gouvernement aurait pu se contenter de ne soumettre que l’article 195 de la Constitution, qui permet de modifier l’ensemble du texte”.

Deuxième considération: si l’on en croit les sondages, l’appui des partis extrémistes devrait bel et bien nécessaire pour obtenir une majorité des deux tiers. “Les derniers sondages donnent, pour la Chambre, 47 sièges sur 150 au Vlaams Belang et au PTB, constate Marc Uyttendaele. Ce ne sont que des sondages, mais tous donnent une proportion semblable. Je vois mal le Vlaams Belang offrir un cadeau sur un plateau à la Belgique.”

Troisième opinion: le PTB a offert son appui éventuel pour “changer la Constitution de façon positive”, lors du débat en commission au parlement. “Mais le PTB est un parti unitariste, souligne Marc Uyttendaele. Or, en tout état de cause, la volonté des partis flamands consistera à obtenir une réforme de l’Etat extrême en matière d’autonomie. Je ne vois pas le PTB soutenir cela.”

Bref, selon lui, et sauf surprise majeure dans les urnes le 9 juin, “on risque de se retrouver dans une situation où aucune réforme ambitieuse ne sera possible“. Selon le constitutionnaliste, l’annonce faite par le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), est avant tout un “effet de com'”. Et pour tout dire, il le déplore, tant la Belgique a besoin de cette réforme comme de pain.

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