Les propositions du politologue Dave Sinardet pour accélérer les formations de gouvernement

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Alors que les négociations pour l’Arizona s’éternisent, Dave Sinardet relance des pistes évoquées en commission de la Chambre; fixer un délai de six mois, avant un retour aux urnes, ou toucher les partis via leur portefeuille. Mais les partis, précisément, refusent de se tirer une balle dans le pied.  

C’est une cri du coeur et l’expression d’une exaspération face à la longueur des négociations fédérales. “Nous nous sommes habitués à des formations beaucoup trop longues, souligne le politologue Dave Sinardet . En 20 ans, on a eu un gouvernement en affaires courantes pendant un quart du temps. Il faut des réformes qui créent de la pression dans le processus de formation. Une mission pour la Chambre.”

Alors que le roi devrait prolonger une dernière fois le formateur Bart De Wever, ce mardi après-midi, Dave Sinardet revient sur des propositions qui avaient été émises lors de débats en commission parlementaire sur… la nécessité d’accélérer les processus de formation. C’était avant les élections.

Une tendance européenne, mais…

Bien sûr, cela s’inscrit dans une tendance européenne, reconnaît le politologue. Chez nos voisins néerlandais et allemands aussi, les formations de gouvernement ont duré plus longtemps que jamais.” Même la France connaît des jours difficiles à cet égard. “Les causes sont les mêmes partout”, prolonge le politologue: électorat volatile, système particratique morcelé, montée des partis radicaux..

La tendance constatée chez nos voins est toutefois moins “grave” que celle prévalant en Belgique. L’Allemagne n’a connu qu’une formation dépassant les cent jours (170 pour Merkel IV en 2018) et les Pays-Bas n’ont approché les 300 jours qu’une fois, alors que nous avons déjà connu deux formations plus longues que 500 jours – et l’actuelle est déjà la troisième plus longue de l’histoire. Mais surtout, donc, “sur les vingt dernières années, notre pays a été 1580 jours en formation”.

Soit quatre ans et quatre mois! “Un quart du temps perdu pour la politique et les réformes“, déplore Dave Sinardet.

Un délai strict ou une sanction

Parmi les solutins possibles, qui avaient déjà été évoquée en commission de la Chambre, on retrouve la possibilité, comme cela existe dans d’autres pays (l’Espagne notamment) de fixer un délai strict pour former un gouvernement. Faute de quoi, on retourne aux urnes.

“La politique belge souffre d’une forme chronique et sévère de report de décision, souligne Dave Sinardet. Les pressions extérieures, comme les règles européennes, ne suffisent plus. Il doit y avoir une pression interne.”

Six mois semblent un délai raisonnable, selon lui. A l’issue duquel un couperet dur devrait tomber: une dissolution de la Chambre et de nouvelles élections. “Cela devrait inspirer une crainte suffisante pour que les partis s’entendent, car la faute serait collective”, dit-il.

Une sanction via le financement des partis serait une autre possibilité. Si les partis ne parviennent pas à s’entendre, “leur dotation pourrait diminuer progressivement, d’un pourcentage donné chaque mois”. Si les partis considèrent l’idée “populiste”, c’est “étrange” dit le politologue car ils veulent agir de même avec les allocations de chômage.

Il y a toutefois une différence de taille: là où les chômeurs n’ont rien à dire, les partis, eux, ne vont pas se faire hara-kiri eux-mêmes

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